Isaac de Léa Veinstein : Mon grand-oncle, ce héros ?

Pourquoi la famille de l’auteur ne parle-t-elle jamais d’Isaac ? On sait seulement qu’il fut rabbin et échappa à la guerre. Mince comme informations.

Quand la narratrice se rapproche du judaïsme, elle entend en savoir plus sur ce personnage mystérieux, et ses pas la mènent à la synagogue de Neuilly. Là elle apprend que son ancêtre venu de Lituanie, qui était hazan, c’est à dire celui qui chante à l’office, a travaillé à la synagogue pendant toute la période de l’Occupation. On a retrouvé un papier officiel émanant de l’ennemi l’autorisant à exercer ses fonctions. Dès lors, le doute s’installe en l’auteur : Isaac était-il un collabo ou un héros qui a cherché à protéger sa communauté ? 

Menant l’enquête avec patience, la fille de Laure Adler cherche à se frayer un chemin dans une zone grise, trouve des pistes, interroge des anciens témoins. Une vie d’homme se résume soixante-dix ans après à si peu de choses… 

Chant d’amour familial et de doutes intimes, ce texte s’interroge aussi sur la situation actuelle des juifs français à une époque ou l’antisémitisme renait, sur Israël, sur les attentats et plus que des réponses, ouvrent de nouvelles questions sans jamais prêcher ou chercher à convaincre. On aime cette petite musique nostalgique. 

Ariane Bois 

Léa Veinstein, Isaac, Grasset, février 2019, 160 pages, 14 €

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