Les roses fauves

En Andalousie, une coutume veut que quand une femme va mourir, elle brode un coussin en forme de cœur. Elle y cache des morceaux de papier  sur lesquels elle a écrit ses  inavouables secrets. Quand elle s’en va, sa fille aînée en hérite mais a l’interdiction absolue de l’ouvrir.
Lola Cam en possède cinq. Ces coeurs de tissu gros des secrets des mères hantent ses nuits.

Lola  est  postière dans un village de Bretagne, la narratrice est romancière, elle a choisi ce lieu d’après une carte postale pour y écrire une sorte de Barbe-Bleue contemporain.
On se doute que face à l’auteure du Cœur cousu,  le secret d’Inès Dolorès, l’aïeule de Lola ne va pas résister longtemps. D’autant plus qu’à la suite d’un coup de vent, un jour de Sainte Catherine, le cœur blanc a craqué.

Dans tous livres de Carole Martinez, les femmes sont fortes et indépendantes, qu’il s’agisse de la guérisseuse espagnole du dix neuvième siècle de son premier roman ou de la jeune fille emmurée du douzième dans Du domaine des murmures, Inès Dolorès est leur digne compagne, elle qui  affirme : J’ai su devenir fleur pour attirer les bourdons, j’ai joui sous mes robes, comme une rose jouit des caresses du vent, comme elle s’ouvre aux petites pattes des insectes qui la butinent, et j’ai semé la vie sans me soucier jamais de vos enfants.

Dans ce cœur qui est presque un livre et même beaucoup plus, il est question de roses et de sensualité, de désir, d’ancêtres, de liberté, de destin, d’écriture. Du temps qui passe aussi : Il faut céder la place, se faner avec grâce. 


Brigit Bontour

 

Carole Martinez, Les roses fauves, Gallimard, août 2020, 346 p.-, 21 €
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