Là où renaît l'espoir : Alsace-Lorraine, la destinée de deux enfants de la guerre

Élise Fischer nous enchante avec son nouveau roman dont le beau titre Là où renaît l’espoir résonne à nos oreilles avec une acuité particulière en cette période de reprise post-confinement.
C’est pourtant d’un autre temps et d’une guerre, non pas sanitaire, mais armée, dont il est ici question : celle de 1939-1945. Quant à l’action, elle se déroule au sein de ces deux territoires emblématiques et écartelés que sont l’Alsace et la Lorraine.

Dans ce contexte conjoncturel chaotique, de l’union d’Armand Baumann, mécanicien automobile alsacien, et de Léonie Peltier, une jeune lorraine, vont naître Édouard puis, quelque temps plus tard, Reine.
Le fils voit le jour avant le mariage qui viendra régulariser le faux-pas juvénile, la petite fille, en plein conflit mondial, lors d’un retour au bercail aussi rapide qu’inopiné d’Armand, après qu’il a été fait prisonnier et enrôlé dans l’armée allemande, puis qu’il s’est évadé, parvenant ainsi à échapper aux griffes de l’ennemi pour rejoindre les Forces Françaises Libres.
On comprend que ce dernier ne puisse s’éterniser auprès des siens, risquant de les mettre en péril, lui qui est recherché.

Léonie non plus n’est pas souvent chez elle. Avec bravoure, sans en rien dire à personne, elle a rejoint la résistance et se sert de la couverture que son métier d’infirmière lui fournit pour aider ces Français qui, comme elle, s’organisent peu à peu pour contrer l’ennemi alors que Pétain a signé l’armistice.
Elle payera cet engagement de sa vie et ne reviendra pas des camps à l’Est où elle sera finalement envoyé par les Allemands. Cette double absence parentale et ce deuil pèseront bien lourd sur le destin de ces enfants qui finiront par s’éloigner l’un de l’autre devenus adultes.
Il faut dire qu’un secret plane sur leur enfance que Reine tente désespérément de percer des années durant jusqu’à en perdre littéralement la raison…
Ce n’est que bien tard, à la faveur d’une réunion familiale organisée par Édouard pour fêter ses cinquante-cinq ans, que le frère et la sœur se retrouveront et découvriront, par un tour de passe-passe que l’autrice nous réserve, une information de taille qui viendra éclairer d’un jour nouveau toute leur histoire.

À travers des chapitres très vivants, incarnés et rythmés, Élise Fischer fait entendre tour à tour la voix des différents protagonistes de ce roman choral dans lequel elle rend un vibrant hommage à ceux qui ont su dire non à l’oppression nazie et au projet d’anéantissement total de la population juive alors à l’œuvre.
Un magnifique roman qui invite à nous interroger sur notre responsabilité humaine comme sur la puissance et la grandeur de certains engagements.

Cécilia Dutter

Élise Fischer, Là où l’espoir renaît, Calmann-Lévy, août 2021, 367 p.-, 19,90 €

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