"Atterrir" de Laia Fabregas

Laia Fabregas est une écrivain néerlandaise d’origine espagnole née en 1973. Atterrir est son deuxième roman, il fait suite à La fille aux neuf doigts qui évoquait déjà la quête identitaire d’une femme de 30 ans.

Il s’agit là, disons le tout de suite, d’un étrange roman, entre deux pays, deux cultures aux mœurs très différentes, deux personnages que tout oppose et que seul rapproche (en apparence) une étrange boite en métal qui renferme un secret, une énigme.

Dans un avion entre Barcelone et Amsterdam, une jeune femme est assise près d’un vieil homme qu’elle ne connaît pas, un Espagnol qui a longtemps vécu au Pays Bas et qui va voir son fils. Que se sont-ils racontés pendant le trajet ? Nous ne le saurons pas. Toujours est-il qu’à l’atterrissage, le vieil homme meurt. La passagère récupère alors la boite que l’homme gardait précieusement avec lui et s’enfuit à l’arrivée de la police qui veut l’interroger, leur laissant même une carte de visite à un autre nom que le sien.

S’ensuit une quête pour comprendre ce que recèle cette mystérieuse boite, quête qui rejoint celle que menait déjà la jeune femme un peu partout dans le monde en recherchant des personnes dont le nom figure sur une étrange liste … Quel rapport entre sa quête d’avant sa rencontre avec le vieil espagnol et le contenu de la boite ? Est-ce vraiment un hasard si leurs chemins se sont croisés ?    

La construction du livre est particulière puisqu’un chapitre « elle » alterne avec un chapitre « lui ». Dans les chapitres consacrés à la femme, nous suivons une jeune femme un peu perdue et névrosée dans sa recherche aidée d’une patronne de bar qui s’est prise de sympathie pour elle. Dans les chapitres sur l’homme, il prend la parole pour nous raconter son parcours, celui d’un jeune ouvrier espagnol qui immigre au Pays-Bas , fait des efforts pour s’intégrer et apprendre la langue, y rencontre l’amour, y fonde une famille jusqu’à ce que sa vie prenne un nouveau tournant quand sa femme tombe malade.

Le roman bascule à un peu plus de la moitié du livre quand une partie de l’énigme est résolue et que le lecteur comprend la nature du lien entre les deux personnages mais des zones d’ombre persistent presque jusqu’à la fin et incite à lire la suite.

L’auteur dresse à travers Willemine, l’épouse décédée du vieil homme, un très beau portrait de femme libre qui parvient à s’émanciper de son milieu traditionnel bourgeois et conservateur pour imposer ses choix de vie à savoir épouser un étranger et devenir artiste peintre.

Atterrir
est un très beau roman sur l’amour, le deuil, la filiation, l’art, qui respire de sensibilité et l’émotion sans jamais tomber dans le pathos, écrit dans un style agréable et sans fioriture par un écrivain à suivre.

Marianne Desroziers

Laia Fabregas, Atterrir, Actes sud, mai 2012, 224 pages, 22 euros

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