"La mécanique du monde", mécanique en panne...

Une histoire de notre temps

Nicolas Angström est un type de notre époque. Il travaille comme réparateur de photocopieur. Et il est bon, un spécialiste même. Il prend tout son plaisir dans la connaissance et la réparation de ces mécaniques subtiles (et pourtant déjà condamnées, apprendra-t-on bientôt). Nicolas Angström  a un passé lourd, douloureux, qu’il fuit (et voici le retour du blood, sweet & tears, je sors mon mouchoir pour le coup). Une vie familiale plutôt dure, un père qui n’en est pas un, des secrets qu’on garde au plus profond de soi… Bref, c’est grâce à son travail que Nicolas s’est trouvé une place dans la chaîne moderne de production. Il s’est pleinement réalisé comme réparateur de machines, de photocopieurs…Et voilà qu’il reçoit de la façon la plus normale en ces temps de crise un courrier recommandé lui signifiant son licenciement par la multinationale qui l’emploie. Motif ? Les nouvelles photocopieuses multi fonctions qui vont être commercialisées ne nécessitent plus d’utiliser en permanence les capacités (dépassées ?) d’un agent comme lui. Et voilà donc cet handicapé des relations humaines, préfèrant largement les machines aux êtres vivants, qui va devoir alors se confronter au monde réel…

Néant…

Ce roman de Bernard Foglino n’est ni mauvais, ni bon et ressemble au monde dans lequel nous vivons, dans ce qu’il a de pire: incolore, sans goût, risque zéro. On sent ici et là des remarques « existentielles » (Sartre et d’autres doivent se retourner dans leurs tombes) sur la condition humaine et la marche du monde en ce début de 21e siècle. Ici et là apparaissent des velléités de vouloir dénoncer (un peu mais pas trop) les dérives de notre monde ultra-libéral (ça c’est à la mode). À aucun moment cependant, l’histoire n’arrive à éveiller quelque intérêt, même quand le narrateur évoque une enfance troublée et difficile, censée éveiller quelque empathie…

Pourtant, à certains moments, on finit par se glisser dans la peau du personnage :mais bon dieu que va-t-il lui arriver ? Va-t-il se réveiller ? Des choses de ce genre, peut-être aussi parce qu’on a envie de vite arriver au bout de ce livre. Et puis rien. On reprend la marche normale de nos vies, comme si on n’avait pas lu cet ouvrage. On n’est ni détendu, ni révolté, ni touché. Rien. Finalement c’est beaucoup plus révoltant qu’un mauvais livre, mal écrit. Un livre pour rien ? voici du temps perdu surtout.

Sylvain Bonnet

Bernard Foglino, La Mécanique du monde, 10/18, mars 2010, 189 pages, 7 €

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