"Histoires pornographiques" de Valentine Abé : Porno, vous avez dit porno ?

Les histoires de Valentine Abbé sont de brefs récits qui mettent en scène de classiques scénarios plus croustillants que pornos, destinés à des échanges épistolaires avec son amant. Une dose d’échangisme et de liens incestueux, une pincée SM, une pause gérontologique, un désir morbide, etc. Souvent la fille déguste, elle aime et déteste tour à tour dans ce kaléidoscope sexuel.

 

Il n’y a pas d’intrigue ni même d’histoire comme le mentionne le titre. Saynètes égrillardes parfois efficaces serait la juste expression plutôt que pornographiques mais enfin comme le dit André Comte Sponville, autant discuter du sexe des anges que de vouloir distinguer l’érotisme de la pornographie.

 

Rien de vraiment novateur dans ces textes plutôt pas mal troussés, le style est direct, parfois cru, ne s’embarrassant d’aucun effet ou esthétisme. C’est purement du récit. Le décor est planté rapidement, on passe à l’action sans s’embarrasser de fioriture. On ressent très vite au fil des textes que ceux-ci s’adressent au  seul partenaire de l’auteure dans le but de l’exciter et non pas à un lectorat puisqu’ils n’étaient pas destinés  à être publiés. Le lecteur est ainsi tenu un peu à distance comme un voyeur le serait. Bref, je m’y suis sentie à l’étroit, sans trop savoir pourquoi…

 

Mais il faut faire l’expérience d’entendre Valentine lire en public ses polissonneries et ses horreurs. Cela change tout ! J’en ai eu l’heureuse occasion au dernier Salon du Livre érotique d’Evian en juin 2012. L’auteure (qui est aussi comédienne) avait choisi de lire le difficile et audacieux « Petit vieux ».

 

« La canne fouille le mou de son entrecuisse. Le vieux pousse un peu, force les jambes à s’écarter, et puis ressort de la fente cramoisie, effleure le clitoris, glisse sur le sillon, de haut en bas, et encore… et le vieux jubile du spectacle de la canne s’enfonçant dans cette vulve ruisselante. »

 

Elle a porté son texte très haut de sa voix brusque et chaude, l’a propulsé vers l’auditoire qui est resté bouche bée, les oreilles en éventail. Son livre est fait pour être mis en voix, le talent de Valentine est là, dans sa façon de faire vivre les mots avec le timbre de sa voix et la posture de son corps, au plus près du public.

 

Il ne vous reste plus qu’à vous faire lire à haute voix cet ouvrage par votre amant(e)… Pour ma part, j’invite La Musardine à faire rééditer Histoires pornographiques en version audio, lue par l’auteure !

 

Anne Bert

 

Valentine Abé, Histoires pornographiques, La Musardine, novembre 2011, 171 p., 15.20 €

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