"Le Rêveur des Halles", une plongée dans « le ventre de Paris »
Octave, le jeune fils du propriétaire de La Poule au pot, restaurant situé au
cœur des Halles de Paris, au début du XXe siècle, est un excellent élève qui
ambitionne de devenir vétérinaire. Hélas, son père, personnage autoritaire et
brutal, le destine à reprendre l’établissement familial. C’est pourquoi,
faisant fi des dons et des désirs de son fils, ce dernier le déscolarise pour lui
apprendre le métier. L’enfant fait alors l’apprentissage des Halles, où se
côtoient marchands en tous genres, escrocs, vagabonds et filles de joie. Peu à
peu, il s’initie à ce monde âpre et à ses règles sans concessions dont il fera
parfois les frais. Mais il y connaîtra aussi l’amitié, la fraternité, la solidarité
et un jour, l’amour, en la personne de Léah, la jolie marchande aux petits tas,
originaire d’Europe de l’Est. Tandis que la Grande Guerre se profile, puis
s’inscrit dans le paysage parisien, bouleversant l’économie et les lois du
marché, Octave grandit, devient un homme. Saura-t-il rester fidèle à ses rêves de
gamin ?
Dans ce premier roman parfaitement maîtrisé, Emmanuelle
Friedmann nous invite à une plongée au cœur d’un quartier qui fut sans doute, à
l’époque, le plus pittoresque de la capitale. Elle excelle à en dépeindre les
travers et les mœurs. Mais elle n’en oublie pas pour autant la fiction qu’elle
construit pas à pas, en emmenant son lecteur sur les traces d’un héros
intelligent et émouvant.
Cécilia Dutter
Emmanuelle Friedmann, Le Rêveur des Halles, Calmann-Lévy, février 2012, 292 pages, 19,50 €
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