Jean Billaud, « Le Stylographe » : trois auteurs pour le prix d’un...

Un homme écrit un livre sur un homme qui écrit un livre sur un homme qui écrit un livre sur sa propre vie... Vous suivez ? Voilà, en quelques mots, l’architecture du Stylographe, court roman (presque une novella) que Jean Billaud – l’homme-qui-écrit-n°1, en l’occurrence – vient de faire paraître aux éditions vendéennes Durand Peyroles. Cette mise en abyme aurait pu tourner au simple exercice de style, stimulant intellectuellement, mais sans grand élan romanesque, mais heureusement, Jean Billaud a su éviter ce piège et offrir au lecteur un récit plein d’humanité et de chaleur.

 

L’histoire : l’homme qui écrit – le n°2 – s’est exilé le temps d’une année scolaire dans une ville d’Afrique du Nord, avec pour projet de profiter de sa solitude pour écrire un roman narrant les confessions d’un homme – le n°3 – qui a commis, dix ans plus tôt, un crime parfaitement gratuit et qui, envahi par le remord, décide finalement de se dénoncer à la police. Mais l’écriture de ce roman va être perturbée par l’irruption dans la vie de l’homme n°2 d’une jeune professeure, elle aussi esseulée dans cette ville, perdue loin de la métropole.

 

Ce texte, Jean Billaud le gardait dans ses cartons depuis plusieurs décennies et il ne s’est résolu que récemment à le faire publier. C’est sans doute pour cela qu’il possède cette atmosphère un peu désuète, vaguement anachronique, qui le caractérise et qui lui confère un charme indéniable. Car si Le Stylographe ne paraît qu’aujourd’hui, en 2012, son style date bien, lui, des années soixante, soixante dix et ce grand écart temporel rajoute un zest de mystère qui colle parfaitement à l’esprit du roman, indéniablement « rétro », mais aucunement « vieillot ».

 

À noter que ce livre, qui avait retenu l’attention de Raymond Jean au moment de son écriture est sorti des presses de l’éditeur quelques jours seulement avant que cette grande figure de la littérature française, quelque peu oubliée aujourd’hui, ne rende l’âme, le 3 avril 2012.

 

Stéphane Beau

 

Jean Billaud, Le Stylographe, Éditions Durand Peyroles, avril 2012, 80 p., 10 €

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