Mémoire d'une enfance douloureuse, "Autour de moi" de Manuel Candré

Un premier roman est souvent mémoriel. Manuel Candré n'y coupe pas, qui donne (pour de vrai ou pour de faux, on s'en fiche un peu, c'est de la littérature) avec Autour de moi le carnet des souvenirs d'un enfant perdu devant la vie qui commence et se termine au cimetière, d'abord la mère puis le père. Ce sont des notations d'un carnet de choses à quoi se raccrocher plus tard, quand la douleur aura été estompée par le temps. Quand toute l'enfance douloureuse aura été digérée. Cette douleur qui imprègne chaque page, douleur sourde et rentrée, même cachée au fond des petits moments de joie comme autant de rémission, c'est de vivre entouré de morts : mère, père, chien, chaton, poules, un vrai massacre. Est-ce donc cette mort qui va le constituer et en faire un homme ?


Autour de moi est un parcours de mémoire, mais pas centré sur le moi, comme l'autofiction, mais centré sur les satellites du moi, les périphéries constitutives de l'histoire personnelle et douloureuse. Doublement douloureuse, d'ailleurs, par ce qui a été vécu et le surgissement des souvenirs par l'écriture, marquée par une sorte de nécessité et d'urgence, des notations comme pour combattre l'oubli.


C'est un livre touchant peut-être moins par l'objet - assez commun - que par l'écriture, dont les petites imperfections mêmes témoignent de l'urgence à ressaisir ces moments difficiles pour les marquer avant leur effacement et, paradoxalement, s'en libérer.



Loïc Di Stefano


Manuel Candré, Autour de moi, Joëlle Losfeld, août 2012, 99 pages, 11,90 euros


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