Véronique Olmi insiste : "Nous étions faits pour être heureux", pas certain...

Tout peut-il basculer d’un simple regard, un geste inattendu et si anodin que l’histoire commence sans que l’on en soit informé ? Elle monte les marches, va pour entrer, il sort d’un pas vif, pressé et anxieux de son retard qui s’accumule, il ne la voit qu’au dernier moment dans sa tenue de travail, elle sent son après-rasage trop fort et repère son costume trop foncé, mais déjà tout est joué, scellé dans la pierre comme si nous n’étions que fétus de paille dans les mains du grand souffle, destin qui tourbillonne dans des typhons de passion, des ouragans de désir que rien ni personne ne peut arrêter. Trop facile ? Pas si sûre si l’on s’en tient à ce que nous rapporte Véronique Olmi qui n’en est pas à son coup d’essai dans ses romans passés, si alambiqués aux histoires tirées par les cheveux mais, justement, c’est parce qu’elles sont improbables qu’elles sont authentiques, qu’elles sonnent justes, se plaquent irrémédiablement contre votre rétine et vous retiennent le temps d’une lecture, puis vous accompagnent dans le substrat d’un rêve, dans le temps d’une attente, réminiscences sucrées qui vous aident à tenir dans ce quotidien aliénant et surfait… En vous disant : et si un jour, moi aussi…

 

C’est l’histoire de Suzanne et Serge, mariés tous deux, qui s’offrent le luxe d’une passion, donc d’une relation uniquement basée sur le sexe, se retrouvant dans un appartement un peu oublié, mais qui finissent aussi par se perdre dans cette seule variante du plaisir physique. C’est alors la porte ouverte aux questionnements, surtout Serge qui vit avec une jeune et belle femme et leurs deux enfants. Mais un secret trop lourd à porter, une culpabilité et quelques scènes plus tard, le beau jeu de cache-cache se brise et les lames de la passion n’y pourront rien puisque le terre rendra l’eau, trop-plein, rage et désillusion feront que là aussi, là encore, les êtres humains succombent trop vite aux pièges que la vie leur tend…


Servi par une écriture riche et musicale, ce roman plaisant à lire risque bien de s’oublier aussi vite mais il aura au moins étanché une soif, celle, inextinguible, de se projeter au-dehors de soi, le temps de. Mesdames, ce livre est pour vous…


François Xavier

 

Véronique Olmi, Nous étions faits pour être heureux, Albin Michel, août 2012, 230 p. – 18,00 €

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