Mamadou Mahmoud N’Dongo, "Mood Indigo - Improvisations amoureuses" : Trop court !

Après le pertinent et percutant Géométrie des variables, Mamadou Mahmoud N’Dongo revient sur le devant de la scène avec un recueil de nouvelles, son sixième livre... L’ellipse et l’appropriation de l’espace ont toujours autant d’importance dans la construction des récits, car pour N’Dongo, l’architecture d’un livre se conçoit également dans le visuel. Aussi a-t-il donné le tournis aux équipes de la rue Bottin, tant par son insistance sur une police que dans le choix des marges ; en effet, d’un chapitre l’autre la mise en page n’est pas identique. Et c’est bien ce qui fait que chacun de ses ouvrages est unique dans le fait qu’il a été pensé dans son ensemble : un canevas précis, mathématique, comme l’on ajuste une symphonie, pièce après pièce... 
Le jeu est certes périlleux, mais il doit procurer aussi grand plaisir à son instigateur. La réciproque n’est cependant pas toujours le cas pour le lecteur ; le rendu étant soumis à une réception parfois difficile. Le principe du recueil de nouvelles faisant que rarement elles sont d’égales factures. 



Alternent donc de pertinentes réflexions, d’amusants jeux de situations plus ou moins cocasses et de réelles mises en abîmes pour stigmatiser les travers de nos sociétés. Le Bureau des titres provisoires fait penser à l’extraordinaire Centre de visionnage de l’émission Nulle part ailleurs sur la chaîne Canal plus dans le but de contribuer à son amélioration dans la mesure où il y aurait lieu de le faire pilotée par le non moins magnifique Edouard Baer dans les années 1997-99, ah qu’elle belle époque... Edouard, si tu m’entends, je t’aime !... Mais je m’égare. Oui, revenons au sujet de cette chronique. 



Si l’on sent bien vers où cela tente de tendre, il y a encore un pas pour atteindre la veine surréaliste qui ronge son frein sous le papier ivoire. J’avoue être parfois resté sur ma faim (on aurait aimé un développement de certains passages remarquables mais trop courts, donc un roman). D’autres pages donnent le sentiment d’avoir déjà été lues car le crissement n’est pas assez grinçant pour que, même en se hissant sur la pointe des pieds, l’on puisse atteindre le niveau recherché. Alfred Jarry n’est pas qui veut (ou l’inverse)... Pierre Dac semble donc avoir un admirateur mais l’élève doit se dépasser pour surpasser le maître...


Truculentes et possédant de belles musicalités, ces improvisations sur l’amour créent une frustration... C’est un peu court, jeune homme !, comme dirait Cyrano... Oui, monsieur N’Dongo, quand on possède une si belle plume, de grâce, on fait l’effort de la porter au firmament. On attend de vous le grand roman noir (à prendre dans le sens qu’il vous plaira, voire les deux) du siècle ! Rien de moins... 
Au plaisir de vous (re)lire très vite, très longuement, très précisément... de profundis...


François Xavier


Mamadou Mahmoud N’Dongo, Mood Indigo - Improvisations amoureuses,  Gallimard, coll. "Continents noirs", mars 2011, 231 p. - 18,00 €


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