Abha Dawesar et "Sensorium" : livre-concept ou livre fourre-tout ?

"Au gré des réminiscences, la pensée de l’artiste vagabonde de la métaphysique du temps à la gestation de l’éléphant, de son appartement de Madison Avenue à la campagne des Flandres. Jonglant avec les concepts et les anecdotes, la facétieuse Durga jette des ponts entre art et science."

 

Le thème du nouveau roman d’Abha Dawesar est attrayant, son concept original et la démarche de l’auteur audacieuse. Si j’ai eu très envie de découvrir ce texte placé "sous l’égide de Ganesh", je suis assez déçue du résultat.

Le texte est désincarné, les personnages manquent de substance et les dialogues sont dénués de saveur. Les diverses notes scientifiques, anecdotiques et les nombreux croquis, entrecoupant le texte, rendent la lecture très fastidieuse. On en perd le fil de l’histoire si fil il y a… En effet, le principal défaut de Sensorium est le manque de cohérence, de subtilité et, parfois, de pertinence.

 

Ce que l’on nomme "histoire" est en fait une suite de souvenirs et de réflexions sans émotion ni profondeur. Difficile de se plonger réellement dans cette lecture, lorsqu’on est régulièrement coupé dans son élan. L’auteur effleure superficiellement les choses et s’empêche d’en explorer toutes les facettes.

 

D’une plume neutre et didactique, Abha Dawesar nous livre à l’état brut ce qui aurait pu être une magnifique quête intérieure et une réflexion pertinente sur l’alliance corps-esprit si propre à l’Inde.

L’idée de mêler vie personnelle et références scientifiques et culturelles est une bonne idée et ce livre-concept sort indéniablement du lot, mais l’aboutissement est maladroit. Les illustrations et explications mises en exergue parasitent la lecture. A vouloir transmettre trop d’informations, aucune n’est mise en valeur et certaines passent à la trappe.

 

Après la lecture de Sensorium, deux questions me taraudent encore : quel était l’intention de l’auteur et à qui s’adresse ce livre ? 


Julia Germillon

 

Abha Dawesar, Sensorium, traduit de l’anglais (Inde) par Laurence Videloup, Héloïse d’Ormesson, août 2012, 400 pages, 23 euros

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