Éliane Girard et "Un cadeau" : De la valeur des choses et de leur relativité

Félicien s’y prend in extremis pour trouver le cadeau d’anniversaire de Laure, sa dulcinée. Las, la veste qu’il projetait de lui offrir n’existe plus dans la taille requise. Il est contraint de se rabattre sur autre chose. Mais sur quoi ? Là, est la question. Pressé par le temps, il cède à un achat incongru : une paire de bottes griffées, au prix exorbitant de 869,95 euros. Autant dire l’équivalent d’un mois de loyer…

 

Autour de ce début d’intrigue toute simple – qui d’entre nous n’a pas effectué un jour un achat impulsif au-dessus de ses moyens ? – Éliane Girard tisse un scénario rocambolesque d’où le héros ne sortira ni gagnant ni grandi, prétexte à une satire de notre société consumériste et à une analyse aussi fine qu’ironique de notre rapport à l’argent.

 

Tout achat somptuaire suscite en effet des émotions contradictoires chez celui qui l’a osé : regret, parfois remord ou culpabilité, mais paradoxalement, fierté d’arborer un signe extérieur de richesse et ce, même si le regard d’autrui sur le train de vie supposé de l’acheteur peut s’avérer pour ce dernier difficile à assumer, particulièrement en temps de crise.

 

Quelle est la valeur des choses ? Des sentiments ? Le prix d’un cadeau traduit-il l’amour qu’on nous porte ? Combien vaut-on dans l’œil et le cœur de l’autre ? Avec malice et une véritable intelligence du suspense, l’auteur nous convie dans ce roman brillant et plein d’humour à une profonde réflexion sur notre société de consommation et notre complicité à l’égard d’un système honni mais tacitement cautionné par chacun d’entre nous.

 

Cécilia Dutter

 

Eliane Girard, Un cadeau, Buchet Chastel, juin 2012, 144 pages, 14 €

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