Edouard Limonov, Histoire de son serviteur

Limonov: de citron en russe. Est-ce pour cette raison que la couleur de la couverture choisie par Flammarion est jaune citron?  Un peu d'humour ne fait pas de mal, et cela, même lorsqu'il s'agit de choses sérieuses! De choses sérieuses, il est question dans ce roman de Limonov, Histoire de son serviteur. Autre trait amusant: les couvertures des deux romans réédités cette rentrée chez Flammarion (voir au bas de l'article) se complètent. Visage fendu en deux: la gauche sur cet ouvrage, la droite sur l'autre. Le maquettiste aurait-il voulu ainsi symboliser la schizophrénie de l'auteur-narrateur? Vraisemblable. Car c'est bien d'une personnalité scindée à la verticale dont il s'agit dans ces deux romans d'Edouard Limonov. Ici, un serviteur, maître d'hôtel se rêve le propriétaire de la belle demeure où il officie. Compréhensible, car l'hôtel particulier de plusieurs étages, situé à Manhattan, domine le fleuve et possède un jardin. De quoi faire rêver les plus insensibles à l'environnement quotidien. Limonv, le narrateur, y rencontre quelques grands de ce monde et affine ainsi sa vision lucide et tourmentée de la société. Les années quatre-vingt du vingtième siècle. Un monde disparu où l'URSS existe encore et Limonov est une figure exotique dans le New York élitiste et international dans lequel vit son patron, Gatsby le magnifique comme il l'a surnommé.

Une réédition de Flammarion d'un texte qui conserve toute son acuité et une écriture toute son insolence. "Rien de plus proche qu'un milliardaire américain et un écrivain soviétique dans la ligne du Parti". Limonov pouvait le savoir.


Murielle Lucie Clément


Edouard Limonov, Histoire de son serviteur, Flammarion, traduit du russe par Antoine Pingaud, 2012


Edouard Limonov, Le Poète russe préfère les grands nègres, Flammarion, traduit du russe par Emmanuelle Davidov, 2012

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.