Ornella Vorpsi et son Ci-gît l’amour fou nous parle du coeur.
Alors elle se contente d’être son ange gardien. Elle l’assiste dans son calvaire. Car Dolfi porte une croix que bien peu devine sous son mutisme. Et les passades ne sont plus de son fait. Il aspire à mieux. Aimerait-il Tamar sans s’en rendre compte ? Mais la mort d’une soupirante ne lui laisse point le loisir de se questionner plus longtemps… Et Tamar focalise son attention sur le destin de la défunte. Jouant aussi à ne plus refouler les souvenirs de son défunt frère. Jusqu’à atteindre un état second où s’emboîtent toutes les pièces du puzzle.
Ouvrant la boîte de Pandore, Ornela Vorpsi nous renvoie à nos fantômes. Une part de Tamar dormirait en chacun de nous. Naufragée, comme vous et moi, après le cataclysme d’une passion. Comment survivre après l’incandescence ? Comment recouvrer goût à la vie quand tout est froid ? Marcher sur les cendres en étant amputé. Porter le fardeau du désintérêt. Se pencher trop près du précipice. Se dire que les portes de la folie s’entrouvrent. Et que franchir le Rubicon pourrait s’avérer jouissif…
Annabelle Hautecontre
Ornella Vorpsi, Ci-gît l’amour fou, traduit de l’italien par Nathalie Bauer, Actes Sud, octobre 2012, 190 p. – 18,50 €
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