Frédéric Grolleau : le triangle des Bermudas

Il faut attendre la dernière page du roman de Grolleau pour comprendre les raisons des quid de couacs programmés par son faux menteur de troubles. D’un côté un travail narratif où se mêlent absurde et humour nonsensique, d’un autre la mise à nu de la vie qui double l’âme d’un héros des cités périphériques en buttes soumises aux affres religieuses et enfin - pour que le triangle s’iso-scelle - la présence de Nicolas Rey : faute d’avoir encore sa chronique sur France-Inter il trouve là une starisation (enfin presque).

 

Grolleau  taille un short bermudien à ce dernier mais peut s'éprouver ce qui rapproche les deux auteurs. Il existe dans l’esprit de deux « escrocs-griffes » et  pilleurs de troncs-sons la même saveur satirique et satyrique contre le prêt à croire, à consommer et à porter littéraire et artistique. Le livre dépote à chaque page. Et ce au nom même de son titre. Le Sumo est celui qui fait le ménage sur le tapis de sol où il entame une danse cérémonielle et gluante du ventre. Mais « Sumo » rappelle aussi le « je suis » du Cogito de Descartes. Il y a donc là à la fois la sacralisation de l’ « héneaurme » cher à Dubuffet et le nécessaire déverrouillage de la modalité rationnelle. Elle fit de manière hâtive une « belle »  abstraction sur tous les miasmes que la conscience ignore.

 

L’ « hourloupe »  (Dubuffet pouvant être une fois de plus rameuté au sujet de Grolleau) va donc bon train et peut toujours en cacher un autre. La vie ne cesse de dérailler là où la subjectivité orphique ose tout et surtout  des détours corrosifs. Le texte devient la chimère des chient-mères ou si l’on préfère des clercs pas très nets et des rhéteurs viseurs de raies alités. Grolleau ne cesse de mettre la main aux plus poilues d’entre elles ainsi que le paquet là où le bas blesse. C’est jouissif à souhait. Voici un livre à offrir à tous les coincés du derviche tourneur. Plus généralement à lire en urgence par tous les frénétiques des  fornications littéraires.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Frédéric Grolleau, « Sumo », Les éditions du Littéraire, Paris, 180 pages, 18,50 €.

 

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2 commentaires

Perso je trouve que SUMO est un atelier caché comme celui de Courto et JPGP .

@Villeneuve -

Mais qu’est-ce donc que cet atelier dont vous parlez ?

Qu’entendez-vous par là ?

Avez-vous au moins lu le livre avant d'en parler et de le juger ?