"Le Mythe d'Isaac Becker", ou le livre des spectres de Birkenau

Pour survivre à l'inhumanité des camps de concentration il n'y a pas de recette miracle, chaque jour les prisonniers doivent inventer le moyen de parvenir au jour suivant. Et même après la libération, l'horreur est tellement ancrée en soi qu'il faut poursuivre cet effort quotidien. Pour Jacob, survivre, c'est mentir, c'est protéger au fond de soi le lourd secret qui empoisonne sa nouvelle vie en Amérique. Mentir pour réussir à immigrer, mentir pour épouser sa femme, mentir pour devenir quelqu'un. Mais comment tenir son histoire quand elle devient un fait médiatique mondial, quand son mensonge devient un mythe et, surtout, quand la vérité semble devoir resurgir ? Que s'est-il vraiment passé dans le camp ? Quel est ce Livre des spectres qui semble détenir toutes les vérités, qui a été sauvé du camp emballé dans le pyjama d'un prisonnier et caché au fond d'un chariot des cendres juives que les paysans polonais utilisaient comme engrais ?
 
Le Mythe d'Isaac Becker est un récit court, dense, douloureux, sur l'infamie qui traverse les âges d'un homme quand il est à ce point marqué par un acte de survie comme celui que Jacob cache dans le secret de son âme. C'est aussi une peinture de la vie à côté du camp, de la "diaspora" des nazis après la chute du IIIe Reich, des horreurs commises par les armées de libération. 

Le roman est suivi par un court entretien avec l'auteur sur l'origine de son récit. 


Loïc Di Stefano

Reed Farel Coleman, Le Mythe d'Isaac Becker, traduit de l'anglais (USA) par Pierre Brévignon, Ombres Noires, novembre 2015, 92 pages, 8 eur

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