Park Avenue (Cristina Alger)

La bourse ou la vie

On en revient toujours là. Depuis les vols de diligences, peu de changement en fait. Les braves gens se font dépouiller, avec plus ou moins de consentement, et chose surprenante, les grands de ce monde sont parfois les plus faciles à truffer. Madoff est passé par là et Cristina Alger en a fait un livre.

L’intrigue de ce roman débute par le suicide d’un gestionnaire de fonds, c’est à dire un type qui investi l’argent des autres dans des produits financiers. Pour Paul Ross, c’est le début des problèmes. En fait le montage de Ponzi qui n’est qu’une escroquerie financière est en même temps une bombe qui va détruire tout l’environnement social de ce brave avocat, gendre d’une famille très aisée, impliquée dans ce scandale malgré elle.

Le livre est construit comme un manège autour d’une ronde de personnages croqués avec beaucoup de détails. Critique de la haute société new yorkaise, des milieux financiers et des avocats, de la presse, des régulateurs, des décorateurs… Ça fait du monde. Problème pour le lecteur, c’est qu’avec une bonne vingtaine de personnages, il finit par avoir le vertige et il perd le fil de l’histoire. A la moitié du texte, j’ai l’impression de ne pas  être encore rentré dans l’intrigue ; ce n’est pas bon signe. Comme le cours du pétrole, je décroche.

La peinture de caractère est cependant assez réussie, même si elle reste assez mécanique : le job, le couple, les amis et le personnel de service, puis la maitresse ou l’ancienne relation, les souvenirs et les rancoeurs, les mensonges… un point me chagrine : j’ai déjà lu ça quelque part, puis je vois dans la liste des remerciements à la fin du livre, un nom… bon sang ! mais c’est bien sûr !… Tom Wolfe. TOM WOLFE ! C’est bien lui ! Le loup de New York, l’auteur du Bucher des vanités et de Un Homme un vrai. TOM WOLFE. Ah ! Le style baroque du journaliste capable de croquer sur le vif une galerie de personnages poussés dans des situations délirantes. TOM WOLFE… Seulement dans Park Avenue, il manque les scènes phares qui sont des points d’accroche de l’histoire, son humour décapant et le relief de la narration qui permet de distinguer les personnages importants des autres.

Après reste le coeur de la narration : la description de la mécanique financière désastreuse qui a ruiné des banques et les investisseurs en 2007. C’est la cerise sur le gâteau : un livre intelligent. En tout cas, c’est pour ça que j’ai voulu le lire. Et l’auteur parle de ce qu’elle connait : présentée comme membre d’une grande famille de la finance à New York, diplômée d’Harvard, analyste chez Goldman Sachs. Elle est en terrain archi-connu pour elle. Cependant à la fin, je ne suis pas sûr que le lecteur soit mieux renseigné.

Pour finir, je crois que je suis passé peu à côté de Park Avenue. Dans cette affaire j’ai perdu 7,60 euros, mais ce n’est rien par rapport aux investisseurs qui ont confié leur argent à Madoff. Ouf, c’est déjà ça.


Thomas Sandorf

 

Cristina Alger, Park Avenue, traduit de l’anglais par Nathalie Cunnington, Poche, avril 2014, 480 pages, 7,60 €

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