Exil, au royaume des aveugles les borgnes sont rois

Un original à la Série noire

 

Écrivain suisse, Frédéric Jaccaud a déjà publié Monstre chez Albin Michel, puis à la série noire La nuit (2013) et Hécate (2014). Il s’était auparavant fait connaître pour des critiques plus axées sur la science-fiction parues dans des fanzines et des revues, puis avait entrepris d’écrire un roman dont il dévoilait les chapitres successifs sur son blog. Avec Exil, il se propose d’écrire un ouvrage touffu sur un personnage sans nom (hommage à Clint Eastwood ?) qui sombre peu à peu dans l’enfer d’une conspiration le faisant douter de sa santé mentale…

 

Au bout de l’obsession

 

Ancien informaticien, il (on ne saura jamais son nom) est devenu chauffeur pour une agence d’escort girls à destination de client, dont certains ont des habitudes très particulières. Il s’est particulièrement habituée à l’une d’entre elles, Peggy Sue (Buddy Holly n’est pas loin) qui l’a ému en lui parlant de son fils fan de comics. Un soir, Peggy Sue revient d’une soirée avec un drôle d’air et des papiers bizarres dans sa main. Elle est blessée, il décide de la soustraire à ses poursuivants. Cela n’empêchera Peggy Sue de décéder dans sa voiture. Après s’être débarrassé du cadavre, il débarque dans la ville de Grey Lake. Manquant de se faire lyncher, il est cependant repéré par le shérif qui met la main sur lui pour le faire bosser sur des enquêtes sortant de l’ordinaire, et qui renvoie aux papiers laissés par Peggy Sue… Est-il en train de mettre le doigt sur un gigantesque complot ou de devenir tout simplement fou ?

 

En demi-teinte

 

Exil se veut une errance quasi-identitaire d’un héros perdu de l’Amérique, entre Cap Canaveral et la Silicon Valley, entre William Faulkner et David Lynch. Jaccaud cherche à nous peindre un personnage à la psychologie éclatée au moyen d’une narration éclatée elle aussi… Le lecteur en ressort décontenancé. Est-ce génial ? Ou cela relève-t-il du pétard mouillé ? L’auteur de ces lignes voit Exil comme un rébus, un livre dont vous êtes le héros : à chacun de construire son histoire. Certains apprécieront, d’autres auront l’impression de se faire arnaquer… Le lecteur tranchera.

 

 

 

Sylvain Bonnet

 

Frédéric Jaccaud, Exil, Gallimard série noire, mars 2016, 320 pages, 18,50 €

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.