A voté, de la pertinence de la science-fiction

Un monument

 

Qui ne connait pas Isaac Asimov (1920-1992), un des fondateurs de la science-fiction, sous-littérature selon certains et pour d’autres l’une des deux grandes genres littéraires majeurs (l’autre est le roman noir) apparus au vingtième siècle ? On lui doit la saga de Fondation et celle des Robots, qu’il a fini par fusionner dans une grande histoire du futur qui n’a rien à envier à celle de Robert Heinlein. Les éditions du passager Clandestin ont décidé de republier la nouvelle A voté (en VO Franchise) avec comme sujet suivant : jusqu’où peut aller la démocratie sondagière ? On va voir que les hypothèses développées par Asimov sont surprenantes et encore d’une troublante actualité…

 

Le nec plus ultra de la démocratie

 

Bienvenue dans l’Amérique du début du vingt et unième siècle où Norman et Sarah Muller passent des jours tranquilles dans une petite ville de l’Indiana. Norman est un quidam inoffensif et sans aspérité, voire plutôt ennuyeux. Or voilà que la nouvelle tombe : l’ordinateur Multivac a choisi l’Indiana et Norman Muller pour déterminer le vote en faveur du prochain président des Etats-Unis. Car l’Amérique, ce pays souvent pionnier, a abandonné le vote traditionnel dans l’isoloir, que regrette avec amertume le beau-père de Norman, Matthew, au profit du sondage d’un « électeur type ». Et c’est Norman qui va s’y coller, contre mauvaise fortune bon cœur, avec l’amicale pression de sa femme…

 

Une nouvelle ancrée dans notre actualité

 

A voté est une extrapolation d’Asimov à partir de son époque marquée par la naissance des sondages de l’institut Gallup (qui ont cependant échoué à prédire la victoire de Truman en 1948) et des prémices du marketing électoral. Cette nouvelle parait désuète au premier abord : personne ne va demander à un ordinateur de désigner le prochain président américain… sauf que ça se fait dans les universités.. Et puis tout ça sert à alimenter des algorithmes qui tournent et tournent pour des équipes à la recherche de la martingale idéale pour leur candidat (et n’est-ce pas ce que fait Multivac ?)… Finalement, A voté reste d’une actualité cruciale, surtout dans une année marquée par d’intenses compétitions électorales en Europe.

 

 

Sylvain Bonnet

 

Isaac Asimov, A voté, traduit de l’anglais (États-Unis) par Denise Hersant, Le passager clandestin « dyschroniques », octobre 2016, 50 pages, 4 €

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