Michel Philippo, Le crépuscule des ronces : La litterature a toujours le dernier mot

Un petit éditeur peut-il publier un grand roman ?

La chronique littéraire se plaint de la profusion de sorties à la rentrée littéraire … et pourtant, se sont toujours les mêmes livres, des mêmes éditeurs qui sont chroniqués par tous. Les épreuves lui arrivent quelques mois avant la sortie, le chroniqueur n’a matériellement pas le temps de lire tout ce qui lui est proposé,  il doit faire un tri. Il sélectionne ce qui sera agréable à son rédacteur en chef, donc les livres dont tout le monde parle. Le chroniqueur ne déniche plus rien, il a depuis longtemps laissé cette tâche aux blogueurs.

Il n’est donc pas désagréable de tomber sur une pépite. Aucune gloire à cette trouvaille, précisons-le d’emblée, dans mon ermitage en Vallée noire, je n’accepte plus les services de presse des éditeurs parisiens, au mieux, par amitié, ai-je accepté ceux d’un berrichon et ceux d’un auvergnat. Finalement la province est belle, même en littérature.

Marivole m’avait adressé en juin les épreuves du Crépuscule des ronces de Michel Philippo. Une écriture propre, efficace poétique qui donne le sentiment du roman parfait. J’avais demandé à échanger avec cet auteur et je vous avais proposé une interview.

Chose rare, hier j’ai relu ce livre. Philippo use d’une langue singulière pour raconter l’histoire des hommes : la vie, le fracas du quotidien, la reconquête d’un impossible bonheur, l’amitié, la maladie … L’auteur est capable de faire ressentir les émotions du langage parlé en utilisant l’écriture, il use de phrases courtes et crée un rythme atypique pour jouer  une « petite musique ».

L’auteur nous offre une introspection littéraire en incluant un roman dans le roman. Mike est romancier. Il écrit l’histoire de Willy et  de sa femme, il découvre sa propre relation avec son épouse. Il a un ami, Fañch. Ils sont liés par l’écriture, Fañch est malade, il va mourir. Ensemble, ils vont se lancer dans une sorte de « road trip » qui part de Bruxelles et s’achève en Bretagne. C’est une ultime tentative d’échapper à l’absurdité de l’existence. C’est la littérature qui a le dernier mot.

A la question, un petit éditeur peut-il publier un grand roman, Marivole nous démontre que oui. En tout cas, Michel Philippo est bien un écrivain. Ce roman aurait dû être un roman clef de la rentrée littéraire. Mais comme il n’est pas publié par un grand éditeur, les chroniqueurs ne l’ont pas mis dans la pile à lire. Pas facile d’exister dans le système de concentration de l’édition française … Mais si finalement c’était la littérature qui avait le dernier mot ?

Consuelo

Michel Philippo, Le crépuscule des ronces, Marivole, août 2018, 134 pages, 15,90 €

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