Et boire ma vie jusqu'à l'oubli

Betty a perdu son mari Simon et ne parvient pas à surmonter ce deuil. Simon était cet homme qui lui redonnait confiance en elle,  lui avait acheté une maison en cachette, l’avait aidé à tenter de résoudre l’énigme de la disparition de sa mère. Un beau jour comme ça, elle était partie. Ils avaient enquêté mais : « un adulte a le droit de disparaître », leur avait-on répété.
Betty est effondrée : « j’en ai marre d’idolâtrer ceux qui sont partis, laissant derrière eux une traînée de beauté brute, inoubliable, sans doute exagérée. »

Elle sombre.
A l’intérieur, elle n’est plus qu’une clocharde, même si elle donne le change, s’occupe de son fils, se coiffe, se maquille. Jusqu’au jour où son père la découvre hagarde un matin après quinze jours sans nouvelles, s’aperçoit du désordre du salon, de la bouteille vide, du cendrier plein. 
Elle connaît alors la « honte magistrale et assassine », celle qui ramène à l’état d’enfant devant celui qui l’a élevée et qui savait presque tout d’elle, sauf ça, l’alcool qu’elle boit en cachette. Lui de son côté, a l’impression qu’un cauchemar recommence.

Il y a dans Et boire ma vie jusqu’à l’oubli, des chaussures rouges, des volets peints en bleu Majorelle, une odeur de poudre de riz, une flaque de sang  qui ont à la fois,  la douceur et la violence des souvenirs parfois oubliés. 
Ce roman bouleversant, n’est pas seulement un livre sur le deuil, la perte, l’alcoolisme, la mémoire qui n’occulte rien. C’est surtout un condensé d’émotions et de sentiments forts, de jolis moments passés,  d’un amour paternel magnifique, d’un avenir que l’on distingue mal.
Le tout écrit dans une langue superbe, à la fois classique et percutante.
Une belle réussite.

 

Brigit Bontour

Cathy Galliègue, Et boire ma vie jusqu’à l’oubli, éditions Emmanuelle Collas, septembre 2018, 246p. ; 16 euros.

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