Luigi di Ruscio : le diable et le bon dieu

Natif des marches, fils de prolétaires, Kuigi Du Ruscio va vivre de petits métiers. Il publie à 23 ans son premier recueil où il pleure la mort de Staline. Nul n'est parfait. Mais à sa décharge, il est communiste depuis l'âge de 15 ans.

Quittant l'Italie pour Oslo il travaille pendant quarante ans dans une usine de clous. Il restera pauvre toute sa vie et publiera dix recueils et son autobiographies en trois tomes dont Christs pulvérisés est l'un d'eux.

L'auteur s'y représente soussigné coincé sur la plage du peuple d'un village de 3000 âmes avant de s'orienter plus tard vers le métier improbable de vendeur ambulant et à domicile de crucifix plus ou moins pulvérisés...

De Ruscio reconstruit sa jeunesse et ses dédales dans un italien dialectal revendiqué comme tel au même titre que ses fautes d'orthographe. Cette écriture jamais sous contrôle déborde de vie et dégorge dans une croissance organique et des digressions qui font partie de l'esthétique de l'auteur.

L'ensemble est souvent éblouissant et lyrique là où l'écriture garde pour objet de "clouer le réel comme on a cloué le christ". Chez de Ruscio comme chez Pasolini cette figure devient moins de style que le respect pour la lutte des classes.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Luigi Di Ruscio, Christ pulvérisés, traduit de l'italien par Muriel Morelli, Anarchasis éditions, octobre 2017, 352 p.-, 23 €

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.