À quel prix ?

La saison des prix littéraires battant encore actuellement son plein, je dois dire que les flonflons, roulements de tambour, coups de cymbales et lueurs de feux d'artifice qui m'en parviennent jusqu'au fond de mon terrier me font penser, autour du Goncourt décerné en novembre dernier, à ceux de l'élection d'une Miss France parmi toutes ses dauphines.

Même parcours publicitaire obligatoire pour les auteurs élus dans chacune des catégories : grands sacrifiés de cette rituelle grand messe commerciale annuelle, leur reste à faire le tour de tous les libraires possibles de France et de Navarre avant – quelle aubaine à l'horizon pour les tiroirs-caisses ! – le passage du père Noël !
Ô les pauvres culs de ces stakhanovistes de la dédicace posés, douloureux, chaque jour sur l'inconfortable chaise pliante en plastique ! Kilomètres avalés en hâte, sandwichs, coups de téléphone intempestifs, nuits à l'Ibis ou au Formule 1 du coin et, n'empêche le tirage nettement supérieur à d'habitude – ce qui profite surtout à l'éditeur et, ce que l'on sait moins, encore bien davantage aux libraires –, quel temps précieux perdu pendant ce temps pour l'écriture !
Chaque éditeur "important"  (selon son chiffre d'affaire) ayant préalablement placé ses meilleurs pions dans les principaux jurys quasi inamovibles, derrière le suspens et le spectacle médiatique, pures et dures, les affaires suivent leurs cours et le fric se trouve bien être le vrai roi de la fête derrière le masque décoratif de celle du travail d'écrivain ! 

Comment, dites-moi, peut-on sérieusement croire et donc accepter qu'un lecteur ne soit, à ce point, rien d'autre qu'un consommateur et, partant, la création littéraire un banal produit commercial ?
Écrivains de tous les pays, unissez-vous !, comme dirait l'autre !
 
André Lombard

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