Pierre Barrault propose une roman noir d'espionnage ou policier. Il se termine en boucle et donc, fini, il peut recommencer. Tout est fait pour qu'on n'y comprenne rien même si apparemment la fiction semble être écrite de la manière la plus simple et minimaliste qui soit.
Rendre compte du réel n’est pas ce qui intéresse l'auteur. Cette propension le laisse pour le moins sceptique. D'autant qu'il reste à savoir ce qu'au juste est le réel. Bref l'auteur a d'autre chat à fouetter au côté de Protag et de son supérieur à monocle Sous-Sol.

La réalité dans cette histoire est plus que relative et c'est un euphémisme. Mais nous laisserons au lecteur de découvrir pourquoi. Il existe certes une cohérence dans cette histoire mais elle ne cesse de se défaire.
Cela est étroitement lié au  projet d’écriture de Barrault. Le texte est donc à la fois minimaliste mais de manière trouée et non linéaire. Tout devient flou, fuyant, incohérent même si le sens commun feint d'être respecté. D'où le plaisir d'un texte drôle qui sans cesse échappe là où paradoxalement toutes informations nécessaires et possibles sont données – enfin presque.

Jean-Paul Gavard-Peret

Pierre Barrault, Protag, éditions Louise Bottu, juin 2022, 138 p.-, 14€