Le Principe de réalité ouzbek

Une jeune professeure de philosophie postule pour un poste au lycée français de Tachkent en Ouzbékistan mais sa candidature est refusée. Plutôt que d’accepter la décision, elle écrit une longue lettre à la directrice de l’établissement qui n’a pas retenu son profil. Dans cette longue missive de plus de deux cents pages, elle livre à une inconnue les raisons pour lesquelles, elle viendra avec mari et enfants à Tachkent à la rentrée prendre le poste attribué à quelqu’un d’autre.
Outre le parti-pris étonnant de l’auteure, le rejet d’un refus purement administratif et donc à priori non contestable, le roman trouve sa force dans les confidences faites à une parfaite étrangère.
Au fil du récit, elle livre des pans de sa vie la plus intime que bien des gens n’avoueraient pas à leurs plus proches amis. Le mal être, les échecs, la nécessité de s’éloigner sont disséqués, autopsiés. Le désir de quitter une vie rangée et confortable pour un pays lointain et inconnu s’impose comme un impératif pour des raisons dévoilées peu à peu.
Au fil des pages, la lettre prend la forme d’une supplique philosophique, d’un appel à l’aide littéraire : C’est étonnant comme on s’attache, malgré soi, aux personnes à qui l’on se confie, et comment naît une forme de complicité, affirme-t-elle avec justesse.
Tiphaine Le Gall dont c’est le deuxième livre, réussit le pari fou d’écrire un roman épistolaire vibrant en faisant appel aux mânes de Racine et de Flaubert ; d’intéresser le lecteur avec une intrigue entre rêve et réalité.
Une très belle découverte.

Brigit Bontour

Tiphaine Le Gall, Le Principe de réalité ouzbek, La manufacture de livres, août 2022, 205 p.-, 18,90 €

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