"Ainsi puis-je mourir" - Vivianne Moore nous entraîne sur les pas de Julien et Marguerite de Ravalet, des amants maudits


ANSI PUIS-JE MOURIRViviane Moore fait partie de ces auteurs à succès qui arrivent à nous surprendre. Nous avions déjà chroniqué la saga de Tancrède le Normand. Avec Ainsi puis-je mourir, elle change complètement d’univers pour nous entraîner via son héroïne, Gabrielle, sur les traces de Julien et Marguerite de Ravalet, un frère et une sœur dont les amours ont défrayé la chronique sous le règne d’Henri IV. 

Gabrielle Dancel a tout pour être heureuse : cette jeune romancière à succès vient d’épouser Philip Sedley et s’installe au château de Tourlaville dont l’histoire a bercé son enfance auprès de sa grand-mère, Simone. Et quelle histoire ! Celle de Julien et Marguerite de Ravalet que leurs amours interdits et la haine du mari de Marguerite vont conduire jusqu’à l’échafaud. Gabrielle va tenter de prendre possession du château et d’apprendre les codes d’un monde qui n’est pas le sien. Peu à peu, le château va aussi prendre possession d’elle d’autant qu’elle a décidé de faire de l’histoire de Marguerite et Julien, le sujet de son prochain roman. Habitée par ce sujet, Gabrielle avance sur un fil tendu entre le passé et le présent et l’arrivée de la sœur de Philip au château va jeter la confusion dans son esprit : et si l’histoire était en train de se répéter ? Le château est-il porteur d’une malédiction ? 

Ce roman ne pouvait qu’attirer mon attention car étant native de Cherbourg, j’ai aussi grandi avec l’histoire du château de Tourlaville, plus connu sous le nom de château des Ravalet. Cette histoire mille fois contée d’un frère et d’une sœur unis par un amour contre nature qui les mena à la mort, place de Grève à Paris. Vivianne Moore fait revivre cette histoire en lui donnant une dimension plus romantique mais aussi historique. L’inceste devient secondaire pour laisser place à une histoire de femme, celle de Marguerite, qui, comme toutes les filles de la noblesse, a dû se marier au nom de l’alliance et non de l’amour. Soumise à la violence de son mari, elle ne peut chercher refuge auprès de sa famille puisqu’elle doit subir au nom des liens du mariage et de la bienséance, les désirs les plus vils de son époux. Son seul recours reste ce frère parti à Paris. L’histoire est d’autant plus prenante qu’elle trouve un écho dans la vie de Gabrielle qui se retrouve hantée par cette histoire et par l’arrivée de sa belle-sœur dont le comportement paradoxale lui fait perdre pied et confiance. On ressent son malaise qui s’apaise uniquement lorsqu’elle réussit à écrire un nouveau chapitre de l’histoire de Marguerite et Julien. L’Histoire dans l’histoire, revisitée, une histoire où l’espoir côtoie la fatalité.  

Avec Gabrielle, j’ai parcouru les allées du château menant de la cascade aux serres mais aussi les rues piétonnes de Cherbourg, les rayons de la librairie Ryst et je me suis assise  sur les bancs face au théâtre. Je suis retournée en enfance lorsque mon père me contait l’histoire du château, une histoire qui fascine et qui vous poursuit tout comme notre héroïne. 

Julie Lecanu


Vivianne Moore,  Ainsi puis-je mourir10/18 «grand format», février 2011, 405 pages, 19,30 € 
Aucun commentaire pour ce contenu.