Solak : terreur sur la banquise

Bel oxymore que ce roman noir sur la banquise. Là où tout est blanc. Quoique la nuit de six mois porte aussi en elle sa noirceur. Et preuve que les ténèbres ne sont pas obligatoirement proches du magma. Nous sommes dans le nord du cercle polaire arctique. Une base symbolique. Une présence pour garder le drapeau. Quatre hommes dont un scientifique. L’excuse bienpensante. Le fameux Grizzly qui arrondit ses fin de mois en chassant.
Après un suicide on envoie une jeune recrue. Roq et Piotr, les deux bidasses qui tiennent le camp depuis vingt ans déchantent. En plus d’être jeune, il est muet !

Le froid brûle la peau. Le vent la découpe. La solitude dissout le cerveau. Ne demeure que la tension. Ces nerfs sur lesquels vivent les hommes perdus… Carcasse chaude sur continent froid. Et si la jeune recrue n’était pas là par hasard ?

Narré par le chef d’équipe, ce journal de bord qui n’en est pas un, incite à l’empathie. Oubliant la forme négative, pour bien marquer la distance culturelle, Caroline Hinault se met dans la peau de cet homme dévasté. Coûte que coûte il va tenter de tenir debout. De garder la Centrale fonctionnelle. Affrontant les drames, petits et grands. Stoïque. Jusqu'à jour où…
Huis clos glaçant.

 

Annabelle Hautecontre

 

Caroline Hinault, Solak, coll. Rouergue noir, Le Rouergue, mai 2021, 128 p.-, 15 €

 

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