Double jeu – Beckett et Meier – Murmures dans la boue

À partir des lectures et relectures de Comment c'est, Richard Meier montre son C'est comment qui résiste autant à nos entendements qu'à la matière noire aqueuse.
Des zones humides d'un Beckett – plus minéral qu'aquatique – Meier après avoir "noyé" le texte original dans ses dessins du début de livre en un marécage optique, retire des bribes.  Manière pour le créateur poète, artiste et éditeur d'assécher progressivement une source de vie. 

Pour lui ce qui "boue" ne peut pas bouillir. Ce n'est donc pas des glouglous mais des "quaqua de nulle part" de Beckett que Meier revient en ses jeux de montage.
Et ce dans un appareillages particulier : les lignes "de boue" en caractères gras sont cernées par celles  en italique qui éclairent leur sens dans leurs ellipses.

Cela crée en ensemble de communes mesures  mais aussi  "comme une mesure" où tout semble sans scribe. Il y a Pim – sans Pam ni Poum – autant dans la boue d'avant que dans un bout de vie.
De ce point de départ Meier entreprend l'analyse de l'oeuvre totale de Beckett. Car c'est bien dans la boue noire que tout finit. Cette couleur d'extinction des feux s'empare en effet de la lumière – ou ce qu'il en reste autant – dans les dernières pièces théâtrales comme celle pour la télévision – dont Nacht und Traume. Y reste une tête dans le noir la boue avec tout ce que ça comporte d'infinis variétés, note Meier.
De son  modèle on aura tout compris.
 

Jean-Paul Gavard-Perret


Beckett - Comment c'est - murmure dans la bouche & Richard Meier – Je les dis comme je les entends (du noir de la boue), Éditions Voix, avril 2021, non paginé

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