Sanda Voica frétillante "truiste"

                   

  

Sanda Voïca aime bifurquer et choquer. Après sa longue hibernation, Sam(s) aidant (son amoureux et Beckett), elle ose faire sortir son grand rire intérieur. Elle se veut mère voire « truie » des mots. Ce sont en elle des « pourceaux qui la tètent ». Mais elle le leur rend bien. Pas folle la guêpe : « perdue dans sa truité » elle leur fait vomir ce dont ils se sont gavés. Si bien que « sa vieille inquiétude »  peut leur rendre des grâces même « judaïquement ». Au besoin la poétesse rêve de photographier Jésus menée par la lumière « comme Spinoza, Leibniz et comme le camélia » dont Sanda devient la dame.

Entre couperet et berceuse elle fait feu de tout bois, paysage, lecture, vision, rencontre. Adonis, grives, Camp du drap d’or, Mikael Jackson, etc.  tout est bon dans le jambon du monde pour l’écriture. Elle va même  jusqu’où généralement elle évite de séjourner : « entre la merde et le trou j’ai choisi le mertrou » ose la poétesse au sein même de ses Alléluia les plus doux et sous un titre énigmatique qui mêle tout : le haut et le bas, l’harmonie et les dissonances. C’est pourquoi son long poème en ses 37 moments est une œuvre rare dans  notre temps. Sanda Voïca ne noie pas le poisson : la truiste dans les eaux troubles se fait altière ego des chants les plus hauts qui ne sont plus sans glotte ou sanglots. Le rire est là très pur jusqu’aux abysses.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Sanda Voica, « Epopopoèmémés », Editions Impeccables, 134 pages, 2015.




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