Francesca, Maîtresse de Borgia : une fin qui nous laisse sur notre faim.

Francesca, maîtresse des Borgia est donc le troisième et dernier opus de la trilogie de Sara Poole . Si l’on retrouve avec plaisir les rivalités politiques de cette époque ainsi que le personnage de Francesca, on reste néanmoins sur notre faim. On retrouve les deux éléments présents dans les deux tomes précédents (1) : un complot visant Borgia que Francesca va devoir déjouer et les démons intérieurs de cette dernière. Nous découvrons enfin l’origine des cauchemars de Francesca ainsi que l’identité de sa mère. En cela, le dernier opus de cette trilogie tient ses promesses. Pour ce qui est du complot, il s’inscrit dans la trame politique de l’époque mais introduit un nouvel ennemi : les cathares. Le récit commence d’ailleurs sur les événements se déroulant à Montségur en mars 1244 : après un siège de dix mois, la citadelle se livre. Plus de deux cents cathares, hommes et femmes, refusent de renier leur foi et sont menés à un bûcher géant aménagé au pied de la forteresse (le champ des brûlés). Ici, un groupe d’enfants auraient survécu pour témoigner de la barbarie de l’Eglise catholique et continuer la lutte contre cette dernière. On devine la patte de Morozzi derrière ce complot, tout comme il avait cherché à utiliser Savonarole et ses disciples dans le tome précédent. Les mobiles se multiplient et du coup on finit par ne plus vraiment savoir qui sont les ennemis de Francesca. De plus, Morozzi n’est pas physiquement présent et son sort n’est pas scellé à la fin de cette aventure ce qui nous laisse un goût d’inachevé.
Le personnage de Francesca est beaucoup moins mièvre : elle s’étoffe dans sa force comme dans ses faiblesses. On la sent perdre pied, voir dériver vers une folie qui n’a rien, bien sûr de naturel. Elle finit donc par apprendre l’histoire de sa naissance, de sa mère et de la mort de cette dernière. Un point final donc sur cet aspect de l’histoire. Par contre, l’intrigue impliquant son amour secret pour Rocco le verrier, reste au point mort : à la fin du tome précédent, ce dernier se fiançait à une jeune femme pour tenter d’oublier Francesca. En dehors d’une ou deux mentions, nous n’en apprenons pas plus sur lui ou sur son avenir avec Francesca. Certains personnages secondaires manquent également à l’appel comme la concierge Portia ou encore l’apothicaire Sofia Montefiore ce qui semble logique puisque le cadre du récit est délocalisé à Viterbe. Cependant, le lien unissant Sofia et les origines de Francesca (Francesca, la trahison des Borgia) n’est pas du tout exploité. Le devenir du groupuscule secret, Lux, dont le but est d’élucider les mystères de la nature est également manque également.
Le premier tome avait séduit, le deuxième traînait un peu en longueur et le troisième nous laisse donc sur notre faim. Dommage car Sara Poole disposait d’un personnage et d’une trame historique intéressants mais n’a pas été jusqu’au bout de son histoire. Reste à savoir si Francesca, maîtresse des Borgia est bien le point final de cette série. Si oui, nos questions resteront sans réponse, si non, il faut espérer que Sara Poole saura relancer l’intrigue de façon claire et dynamique.
Julie Lecanu
Sara Poole, Francesca, La Maîtresse des Borgia, traduit de l’anglais par
Patricia Barbe-Girault, MA Editions, novembre 2012, 380 pages, 20 €
(1) A lire aussi sur le Salon littéraire : Francesca, l'empoisonneuse des Borgia et Francesca, la trahison des Borgia
1 commentaire
Moi aussi , après avoie lu le troisième tome de Francesca, je suis restée sur ma fin, je suis dans l'attente d'un suite . Merci encore de ce bon moment de lectue.