Hollywood en carton-pâte

Rien n’est impossible au pays de la liberté. Rien n’est trop fou au pay des rêves. Et Dieu sait qu’à Hollywood tout est possible, c’est le En même temps macronien avant l’heure, ou comment un hôtel miteux va devenir le centre du monde artistique pendant des décennies… Voilà un sujet convenu et risqué, surtout pour un animateur télé. Oui, vous ne rêvez pas, il s’agit bien du même Olivier Minne qui fait l’imbécile dans la lucarne sur son île-fort au large de la Charentes pour distraire les plus crétins d’entre nous sur une chaîne publique – après on se demande pourquoi je n’ai plus la TV !

Mais il faut rendre à César ce qui lui revient de droit : Olivier Minne est double, animateur niais d’un côté, écrivain véritable de l’autre ; après une biographie de Louis Jourdan de fort belle tenue, voici son premier roman qui, avec un tel sujet, aurait pu l’envoyer valdinguer dans le roman de gare à deux sous et les phrases ampoulées, pas du tout ! le fiel flirte avec le venin, on rigole sous cape et on sent que la satire s’est invitée dans le récit.

Vous allez faire la connaissance de la vieille Abigail Fairchild, qui dirige ce bouge dans la fin des années 1950 après avoir tenu le haut du pavé à la Paramount.
Olivier Minne construit son histoire en courts chapitres pour mieux enrober les croustillantes réminiscences de la dame et nous clouer sur notre chaise. Nous voilà embarqué dans un panorama complet des sordides faits divers d’Hollywood en général et du château Marmont en particulier.
On y croisera Jim Morrison faisant le pitre sur le toit, Warren Beatty perdu au milieu de ses conquêtes, Helmut Newton en sa Rolls, les jolies filles dans l’ascenseur, John Belushi terrassé par Robert De Niro sans parler du style de Minne qui fait mouche sans prendre de gants. C’est jubilatoire comme lecture d’après plage, au bord de la piscine, en sirotant un cocktail pendant que les enfants prennent leur douche avec leur mère… Une parenthèse en testostérones pour rire sous fausse signature de nos péchés mignons sans que personne ne s’en offusque.

Rodolphe

 

Olivier Minne, Un château pour Hollywood, Séguier, juin 2020, 332 p.-, 21 €

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