Métropolis, l'uchronie de la Mitteleuropa

L'ombre de Fritz Lang plane sur cette magnifique uchronie scénariste par un Serge Lehman en pleine forme dont les inventions trouvent dans les dessins de Stéphane de Caneva une très belle expression. Métropolis, ville centrale construite pour sceller la paix qui règne entre la France et l'Allemagne depuis 1912 et qui concentre tout ce que la mitteleuropa culturelle et politique. Ville qui pourrait ressembler à New York en plein travaux, les tours se poussant les unes les autres pour dominer un canevas urbain d'une incroyable richesse et complexité. 

Citoyen numéro un, Gabriel Faune est le premier enfant né dans la ville nouvelle, et il la ressent dans sa propre chair, connaissant ses moindre recoins et son âme, il en est une partie intégrante. C'est un inspecteur brillant, qui s'appuie souvent sur les réflexions du Docteur F(reud), pour progresser dans ses enquêtes. Mais il est pris par un sentiment bien étrange, comme une distorsion du réel et des images d'une réalité différente viennent se superposées sur sa ville. 

Le premier tome de Métropolis commence quand un attentat défigure le centre ville et l'éventre, au point qu'une catacombe est dévoilée. Et des corps découverts, comme s'ils avaient été ensevelis par les fondations mêmes de la ville. Quel mystère vient d'être ainsi mis au jour ? Quel est ce terroriste qui a fait se réveiller la ville et qui fait émerger une autre réalité ? 

La mise en place est assez lente pour nous immerger dans Métropolis, ses arcanes et ses personnages, avec quelques clins d'oeil assez délicieux (le médecin légiste s'appelle Destouches...). Les arcanes de la ville vont peu à peu se révéler, dans une mise en scène maîtrisée de bout en bout. Un très bel album. 


Loïc Di Stefano

Serge Lehman (scénario), Stéphane de Caneva (dessin), Dimitris Martinos (couleurs), Benjamin Carre (illustration de couverture), Métropolis, tome 1, Delcourt, janvier 2014, 96 pages, 14,95 eur
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