"Bunrdive", space opera de Karin Lowachee

Ryan Azarcon, 19 ans, vit sur la station Austro, avec sa mèreet son garde du corps et ami Sid. Enfant gâté pourri par l’argent de sa famille, oisif, il est le fils d’un des commandants les plus célèbres de la flotte terrienne, autant aux prises avec les Striivire, des extraterrestres en guerre avec l’humanité, qu’avec des groupes de pirates, humains renégats qui tirent profit du conflit. Durant ses études sur Terre, Ryan a été victime d’un attentat et est revenu traumatisé sur Austro : pour fuir ses cauchemars, il consomme une drogue appelé « argent ». Il est une cible de choix pour les médias en mal de sujet people, surtout quand son père entame des pourparlers de paix avec les extraterrestres, en forçant la main au gouvernement.

Sur Austro, Ryan est victime d’un nouvel attentat. Son père revient et le prend, contre sa volonté, à bord de son vaisseau. Il le confie à Jos Musey, un jeune homme au parcours complexe : autrefois capturé par les pirates, il a ensuite rallié les Striivires pour finir par rejoindre le père de Ryan.

Ce dernier découvre la vie à bord du Macédoine et comprend que tout ce qui lui arrive est lié à tous les combats menés par son père. Avec ce dernier, les relations commencent par être conflictuelles jusqu’à ce qu’il apprenne à mieux le connaître : c’est à ce moment que sa mère est assassinée...

Space opera anti-guerre

Burndive est un space opera, second tome d’une trilogie centrée sur les enfants sacrifiés sur l’autel de la guerre. L’auteur de ces lignes avoue n’avoir pas lu le premier tome de la série, Warchild, mais s’est rassuré quand il a appris que chaque livre pouvait se lire indépendamment. Karin Lowachee a pris à cœur de dénoncer les effets de la guerre sur les enfants et adolescents. Ce fut apparemment le cas avec le personnage de Jos Musey dans Warchild, élevé par des pirates et victime de sévices. Ryan est ici dépeint comme un innocent, impliqué dans un contexte politique qui le dépasse. Il se retrouve la cible d’attentats terroristes, du fait du rôle de son père — dont il finit par comprendre l’importance — en faveur d’un armistice avec les Striivires. Cet aspect est bien traité malgré des faiblesses assez gênantes.

Des problèmes d’écriture et de style

Car l’auteur gâche véritablement le premier tiers du livre dans d’interminables dialogues qui rendent peu sympathique le personnage de Ryan et ralentissent l’action. Elle le fait avec des intentions précises : nous décrire le monde, la société ainsi que la famille de Ryan et ses relations avec sa mère, son garde du corps, etc. Mais cela aurait pu être beaucoup plus ramassé et écrit de manière plus incisive. En clair cela manque de rythme.

Le roman s’améliore pourtant dès le deuxième attentat, puis l’apparition du père et la plongée de Ryan dans les affres de la vie d’un astronef militaire : ainsi la description de la vie quotidienne de l’équipage, troublée par la présence à bord du fils du capitaine, est savoureuse. La description des relations de Ryan avec Jos Musey est pertinente : des traumas différents mais proches, la jeunesse, le même « père » aussi… Le personnage de Jos Musey est intéressant, lointain écho des enfants soldats de conflits contemporains (on pense au Liberia et au Burundi, par exemple). Mais pour arriver à ça, encore une fois, il faut passer par plus d’une centaine de pages rébarbatives durant lesquelles beaucoup de lecteurs impatients risquent de décrocher.

On espère qu’il ne s’agit que de défauts de jeunesse car Karin Lowachee, à défaut d’être une styliste, est un auteur d’idées et a donc des choses à dire : cela compte aussi dans le genre.

Sylvain Bonnet

Karin Lowachee, "Burndive", traduit de l'anglais par Sonia Quémener,Le Belial, Décembre 2011, 432 pages, 23 €
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