« L’âme du cyclone » de Johan Heliot, la clôture d’une tétralogie du Tempestaire !

Libérée de Kristof par Jed, l’île d’Ayiti pensait enfin pouvoir vivre en paix. Le roi au cœur de pierre était en effet un tyran peu agréable, lançant séisme et autres manifestations pour le moins démonstratives en fonction de ses envies – certains diront de ses caprices. Cependant personne ne se doutait qu’il était gardien de ce petit bout de paradis, qu’il le protégeait… Et voilà que le climat se détraque, que la nourriture commence à manquer et que toute la population s’affole. Quelques initiés comprennent : il n’y a plus d’Élémentaires et le cyclone est vide. Kristof ayant été vaincu par Jed, ce dernier ayant disparu, plus aucun être n’est capable de contrôler le climat…

 

Cela est en réalité inexact. Il reste bien les quadruplés de Jed qu’il a laissé derrière lui, que son aimé Naït a porté sans qu’il le sache. Mais ce ne sont que des nourrissons et il faut à l’île d’Ayiti, à l’Archipel, au monde entier, des Élémentaires entrainés et prêts à affronter la menace qui arrive. Car ce n’est pas qu’une question de soleil et de pluie, mais juste savoir si le monde survivra face à un ennemi terrifiant.

 

L’ensemble de cette triste histoire se déroule sur fond de vaudou, la magie des habitants d’Ayiti. Entre la corporation des mécanos qui tente de sauver ce qui reste d’Ayiti, Hannibal et Angenard, les deux capitaines de marines qui reprennent la mer pour trouver coûte que coûte de la nourriture pour l’île, Isiane et Corey qui cherchent à retrouver leurs amis et, pour couronner le tout, les morts qui se mettent à marcher, l’Archipel n’est pas prêt de retrouver le calme… Les compagnons du Tempestaire vont donc devoir faire face à de nouveaux défis, s’affermir en tant qu’adulte, protéger l’héritage de Jed et le faire fructifier pour sauver rien de moins que toutes les vies de leur monde.

Mais si Jed n’était pas mort ?

 

Johan Heliot clôture sa tétralogie Le Tempestaire par un tome machiavélique. Il doit être assez perturbant d’être un héros de cet auteur : à la fois le Vosgien leur offre de superbes vies romantiques, pleines d’action, d’actes de courage et d’honneur, à la fois, lorsqu’il décide de jouer les Parques et de couper les fils de leur vie, il le fait sans état d’âme ! Ainsi il faut s’accrocher, dans ce quatrième opus et accepter de laisser – pour de bon – partir les héros vers l’En-Bas. Habitué à les faire ressusciter (et peut-être cela devient-il un peu lassant de voir le méchant Haggis sortir une nouvelle fois de la tombe), l’auteur choisira cependant dans ce dernier tome de terminer sa série et de bien la clôturer. Telle une pierre tombale refermant un caveau familial, Johan Heliot fera le tri entre les personnages qu’il enverra rejoindre leurs ancêtres et ceux qui auront la chance de pouvoir continuer de vivre dans l’imaginaire des lecteurs du Tempestaire. Qui plus est, le dernier chapitre (qui souligne le sort du personnage principal – sort ressemblant fortement à la fin de la trilogie de Pullman À la croisée des mondes – que d’aucuns trouveront triste) a le goût d’une ouverture pour une suite ! Que nenni, il vaut mieux laisser tomber le vent, sinon une énième résurrection de tel ou tel personnage fera passé tout cela pour du réchauffé !

 

Servit par l’excellente écriture de Johan Heliot (nous noterons cependant pour la première fois une petite déception dans une bataille navale annoncée comme étant épique et expédiée – comme le dise les marins – en deux coups de cuillère à pot) ce dernier tome est un ouvrage que devront lire tous ceux ayant commencé la série. Mais impossible de le lire indépendamment des autres (contrairement au tome 2 qui peut être séparé du précédent), c’est le triste sort d’une fin…

 

Pierre Chaffard-Luçon

 

Johan Heliot, Le Tempestaire IV : L’âme du cyclone, Baam !, mars 2012, 342 pages, 13,50 €

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