Hannu Rajaniemi, Le voleur quantique : d'un ennui pachydermique

Arsène Lupin sur Mars


Jean Le Flambeur est le plus grand des voleurs du système solaire. Sa spécialité ? Cambrioler les intelligences artificielles qui régissent les planètes colonisées par les humains. Mais comme tout grand voleur, Jean a été capturé et enfermé dans une prison spéciale où il est condamné à s’affronter lui-même, à se perdre. Il est tiré de là par une guerrière du nuage d’Oort qui lui propose sa liberté s’il l’aide dans ses entreprises douteuses. Voilà Jean reparti pour Mars, occasion pour lui de chercher son passé qu’il a, contraint et forcé, oublié. Le point de départ est plutôt intéressant. Le lecteur blasé sent venir un livre relevant de la science-fiction mais semblant garantir des aventures picaresques et savoureuses. Bref, tout ce qui fait l’intérêt d’une certaine littérature de genre depuis Poe, Eugène Sue et Jack Vance. Pourtant, en refermant le livre, la frustration domine…


Ratage ?


Voici donc un roman de science-fiction, narrée à la 1ère et 3ème personne, avec un personnage principal truculent, conçu pour susciter la fascination. Très vite, on flaire l’hommage à Arsène Lupin et à son créateur, Maurice Leblanc. Cependant, Hannu Rajaniemi manque le coche. L’histoire n’accroche pas le lecteur pour une raison simple : le roman fonctionne sur la base de fausses pistes, de faux souvenirs, de rêves, d’allers-retours dans le passé (parfois faux eux aussi, d’ailleurs) qui perdent le lecteur. Mais ce genre de structure n’est pas nouveau. Philip K. Dick a bâti sa carrière entière sur le faux et le simulacre, avec un génie et une imagination, alimentée par la paranoïa et la drogue, qui laissent pantois. Ici, le voleur quantique relève plutôt du pétard mouillé, bourré d’intentions et d’idées intéressantes mais manquant d’une cohérence ou d’une folie créatrice qui donnait justement à Dick son intérêt. Quant à l’aspect hard science, il paraît superficiel et en tout cas très loin des bouquins magistraux livrés par Greg Egan et Stephen Baxter par exemple. Dommage.


Sylvain Bonnet


Hannu Rajaniemi, Le voleur quantique, traduit de l’anglais par Claude Mamier, Bragelonne, Janvier 2013, 336 pages, 22 €

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