L'été de l'infini, les expériences de Priest

Une facette méconnue

 

Christopher Priest est avant tout connu comme l’auteur de certains des meilleurs romans de science-fiction des dernières décennies (citons pour les retardataires Le monde inverti, La fontaine pétrifiante, Le glamour, Le prestige ou le récent L’adjacent), récompensés par plusieurs prix comme le World fantasy award. On connait moins le nouvelliste, publié dès les années 60 dans la revue New worlds, dirigée par Michaël Moorcock. Or c’est par ce format que Priest a créé un monde original, L’archipel du rêve, proche du nôtre, où artistes et poètes gravitent dans une ambiance irréelle, marquée par la guerre. L’été de l’infini est comme un bouquet de fleurs variées offerts à l’amateur : les roses sont-elles au rendez-vous ?

 

Un portrait de l’écrivain ?

 

A la lecture de L’été de l’infini, on finit par se demander si Priest n’est pas en train de nous livrer un autoportrait de sa persona d’écrivain, des années 70 jusqu’à aujourd’hui, avec des réussites très diverses. Le monde du temps réel a beaucoup vieilli, au contraire de la tête et la main, publiée il y a bien longtemps dans Univers, revue publiée dans les années 70. Priest peut aussi nous surprendre :  Haruspice nous narre l’histoire d’un gardien, qui a hérité de cette charge par son père et qui est chargé d’éloigner de notre réalité des monstres. La nouvelle s’apparente plus à un fantastique assez angoissant, on regrette qu’il n’ait pas écrit plus dans cette veine. Errant solitaire et pâle, dernière nouvelle du recueil, se veut à la fois intimiste et complexe, jouant sur les distorsions temporelles et les doubles aussi, et s’avère être une réussite.

 

Des compléments bienvenus

 

L’été de l’infini propose aussi un entretien en deux parties, véritable rétrospective de la carrière de Christopher Priest. C’est assez passionnant et on comprend une fois pour toutes qu’il ne partira jamais en vacances avec Harlan Ellison ! Entre les deux parties de l’entretien s’intercale le récit de l’adaptation du Prestige par Christopher Nolan dont l’auteur a été totalement écarté : assez savoureux. Il conclue de plus qu’il s’agit d’un très bon film (et c’est amplement vrai). Voici donc là un très bon recueil, un achat indispensable pour tout admirateur de Priest.

 

Sylvain Bonnet

 

Christopher Priest, L’été de l’infini, traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Pierre-Paul Durastanti & Michelle Charrier, préface de Xavier Mauméjean couverture d’Aurélien Police, Le belial collection Kvasar, septembre 2015, 400 pages, 25 €

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