L'enfance provençale de Paul Desorgues

Une enfance provençale : le titre lui-même donne le ton.

J'aime et j'apprécie d'autant plus le transport que procurent ces pages en un passé provençal encore vivace que ce genre de chroniques familiales constitue forcément, en même temps, à travers le témoignage direct de l'auteur, de très instructifs ​récits​ d'Histoire​ non officielle​ de la province. Il s'agit là, en quelque sorte, de Très Riches Heures populaires comme en fait le plus souvent mémoire et ainsi les perpétue, elle par la peinture, Aimée Castain, grande narratrice en images des mœurs et des modes de vie provençaux. Je l'évoque au passage car, à mon sens, Aimée aurait pu illustrer en toute connaissance de cause cette Enfance provençale, mieux que personne, selon ses merveilleux talents de pure autodidacte.
De belle qualité littéraire - ayant d'ailleurs tout récemment reçu à Lourmarin le Prix Bruno Durand de l'Académie d'Aix - le présent ouvrage de Paul Desorgues déroule le volumen de son vécu​ par lequel​ nous passons, ensemble avec lui, d'une époque vers une autre​ : en effet, n​e voilà-t-il pas là, bel et bien, une​ très directe​ suite chronologique à L'amant du poivre d'âne de Pierre Magnan, tandis qu'en même temps Basses-Alpes et Provence​ un peu plus​ basse encore​, jusqu'aux Alpilles​, sont bien deux territoires proches cousins que seule la présence de la Durance, non pas sépare, mais particularise selon la rive ?
​On l'a compris, tout un patrimoine immatériel irradie depuis le cœur de ce livre qui, sans le vouloir, est également à mes yeux - mais en filigrane - une magistrale et tonique leçon de vie terrienne en plein air.​
Sans doute que cette publication vient à son heure car, perso, je l'estime d'une actualité brûlante, mine de rien, alliée de valeur, vu les solutions et les réorganisations en perspective que nous sommes appelés à mettre en œuvre pour tenter de faire au plus tôt renaître le monde aujourd'hui que nous y voilà fermement contraints, mis cette fois vraiment au pied du mur pour sauvegarder notre bien commun : la terre toute entière, rien de moins !
En foi de quoi je conclus maintenant volontiers en empruntant directement à Alexandre Vialatte - auteur notoirement méconnu comme il aimait à se définir lui-même ! - l'invariable et par là même rituelle toute dernière phrase clôturant ainsi avec humour n'importe laquelle de ses innombrables chroniques publiées en leur temps au journal La Montagne : Et c'est ainsi qu'Hallah est grand !

André Lombard

Paul Desorgues, Une enfance provençale, Les éditions du jais, 25 cours Mirabeau, 11100 Narbonne, 200 p.-, 18 euros. Commande : jacques.ibanes@orange.fr
Chez le même éditeur : Arrière-boutique et autres textes de Marie Rouanet.
 

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