Annick de Souzenelle : le grand retournement

À 97 ans, Annick de Souzenelle – une Dame qu'on ne présente plus ! – publie Le grand retournement ; qu'elle dit être son dernier livre.
Elle y poursuit et conforte sa réinterprétation peu commune, unique même, autant sensible que savante et érudite, des textes bibliques à partir de l'examen et de l'étude des vingt-deux lettres hébraïques ainsi que de l'Arbre des Séphiroth ou encore Arbre de vie, archétype du corps humain ; remettant par là à plat puis à l'endroit tout ce qui, falsifié, ébréché ou infantilisant, les détournait – et détournait donc aussi l'intérêt du public ! – de leur essence, elle leur redonne souffle avec force.
Cette entreprise de relecture salutaire n'étant pas due, chez elle, à un engagement pris par curiosité intellectuelle, ni même mené par passion, se trouve être, plus largement, le fruit préservé d'un chemin personnel, intérieur, jalonné et peuplé de songes, d'images et d'intuitions, autant que de recherche pure comme de traditionnel bon sens auquel, tout l'arbre de l'être, justement, participe pour délivrer les textes en question de leurs entraves et contresens de lecture souvent devenus lieux communs chez nombre de lecteurs, d'exégètes et de religieux.
La trop fameuse Chute, par exemple, n'étant, en fait, qu'un Exil du jardin d'Éden, et ainsi de suite...
Comme si, autre exemple de lecture au tout premier degré, la femme ait été crée à partir d'une côte d'Adam au lieu que cette image symbolise – que nous soyons, d'ailleurs, homme ou femme - la création d'Ishah, notre côté féminin ; ce qui change tout, du tout au tout, du point de vue de la nature et du contenu de toute psyché humaine.
Aussi, au débouché de ce travail lumineux, réparateur, œuvre de toute une vie, ces textes sacrés s'éclaircissent à nos yeux, deviennent plus compréhensibles, plus intimes aussi, plus fortifiants, un peu comme un tableau, une toile de maître, peut recouvrer le pouvoir de sa présence et de son numineux rayonnement en retrouvant ses couleurs d'origine après des siècles de poussière et de fumée - cette dernière fut-elle celle, pieuse, d'encens et de cierges brûlés.
Je regrette de ne pas avoir pu intégrer à mesure chaque bienfait particulier d'un tel ouvrage, mais je ne désespère pas cependant, en rien, d'un tel bénéfice à venir, estimant que ces 190 pages font peut-être bien partie de celles qui demandent persévérance et recommencements, pourquoi pas également tout un temps d'incubation afin que les fruits de leur lecture réunis en un seul  mûrissent à point et puissent à ce moment-là peut-être bien monter, lentement comme un soleil, à l'horizon régénéré de la conscience.
Aux dernières pages, portes grandes ouvertes sur le présent et le proche avenir, Annick de Souzenelle, interroge en dernier lieu la Covid-19, en décryptant pour nous le nom et le chiffre ; en fonction de quoi elle nous invite, chacun et chacune, à nous dévoiler nous-même en profondeur à cette étape cruciale de notre Histoire pour en devenir les acteurs responsables au lieu d'en rester les simples spectateurs surpris dans leur sommeil par le fracas d'un phénomène planétaire alors, en le cas, possiblement catastrophique.
Et, foi d'Annick de Souzenelle, au-delà de la vaccination qui n'est qu'une solution d'urgence pour, certes, épargner des milliers de vies, en savants apprentis sorciers et par là grands criminels que nous sommes, nous serons et resterons désormais à jamais empêchés de toucher à l'Arbre de vie. C'est-à-dire que maintenant, libre à l'humanité de vouloir continuer à vivre en s'organisant par contre tout autrement, sur d'autres valeurs, en se réinventant à un tout autre niveau de croissance que celui en rapport direct avec la courbe du PIB. C'est à ce prix, sans doute sans pareil depuis le début de l'aventure humaine, qu'aujourd'hui notre avenir est entièrement dépendant. Croître intérieurement, décroître de l'autre...entre les deux, un - sage - équilibre est à créer.

André Lombard

Annick de Souzenelle, Le grand retournement, Les éditions du Relié, octobre 2020, 190 p.-, 16€

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1 commentaire

Précisions de la part d'Annick de Souzenelle :

Cher Monsieur,

Me parvient l'analyse que vous faites de mon "grand Retournement " et je vous en remercie vivement. Votre sensibilité à ce que je ressens de notre épreuve mondiale me touche profondément. Je mets un petit bémol lorsque vous parlez de la création de Ishah que vous me faites dire " notre côté féminin "; il ne s'agit pas d'un féminin psychologique mais de notre inconscient à chacun, soit d'un potentiel d'énergies à réaliser ; et cette réalisation devant faire l'objet de nos vies. Ignorant cela, nous avons maximalisé notre potentiel animal. Aujourd'hui nous sommes rappelés à l'ordre.

Merci de votre compréhension et de votre courage à l'exprimer. 

Recevez mes plus amicales pensées. 

Annick de Souzenelle