Gustave Loiseau, un impressionnisme de fidélité

Pour relier les tableaux aux lieux où Gustave Loiseau a posé son chevalet, une carte géographique retrace, avantage appréciable, les itinéraires de cet artiste oublié dont ces pages constituent un bel hommage à la mémoire et au talent. Les dates sont précises, on suit les pas de cet arpenteur inlassable des régions de France.
Dans cet ouvrage qui accompagne l’exposition du musée Camille Pissarro de Pontoise, priorité est donnée à la Normandie et l’Ile-de-France. Allant de la Bretagne à la Marne, du Pays de Caux à la vallée de l’Eure, séjournant dans des villes comme Dieppe ou Pont-Aven, Gustave Loiseau a été un de ces voyageurs admiratifs des paysages qui vont l’inspirer tout au long de sa carrière. Les ponts, les monuments, les villages, les marchés, la neige et le printemps, une station de tramway, la falaise, tout est signe pour son regard, rien ne soit un motif pour son pinceau.

Ce livre très illustré reprend tableau après tableau l’itinéraire d’un homme qui aime son métier et en fait une passion. "Je ne me reconnais qu’un mérite", disait-il, "celui d’être sincère. Je travaille dans mon petit coin comme je peux et m’essaye à traduire de mon mieux l’impression que je reçois de la nature. Quand je me sens satisfasse, et même quand je me satisfais, je n’en tire aucune vanité. C’est mon instinct seul qui me guide et je suis fier de ne ressembler à personne. Bien des gens plus réputés que moi n’en pourraient dire autant..."

 

Si on lit bien entre les lignes, il est important pour lui de se démarquer, comme on dirait aujourd’hui, avant tout de Monet et de Pissarro. Pourtant, devant ces toiles, on pense à eux, inévitablement, notamment quand Gustave Loiseau (1865-1935) veut rendre la lumière qui irise l’eau des rives de l’Eure, quand le vent fait frissonner les peupliers, quand il brosse l’activité des quais. Des scènes qui renvoient aux deux maîtres. Mais sa touche paraît plus nerveuse, plus sensible, parfois aux limites du pointillisme. Les nuances sont subtilement soulignées.
Il marque vers la fin de son parcours artistique, pour mieux construire ses compositions, les volumes d’un trait presque noir. S’il adopte les règles classiques de la mise en place, suivant une diagonale, il sait cadrer ses sujets en se rapprochant d’un arbre ou choisissant un point de vue légèrement surélevé, comme on le voit dans Place de la Haute Vieille Tour à Rouen (1929).     

 

En 1891, il participe à l’exposition collective à Pont-Aven. Ses œuvres ont la préférence, notable reconnaissance,  d’Armand Seguin qui note ses "tendances claires et personnelles".
Au Vaudreuil, il se complait à peindre ses thèmes favoris qui tournent autour de la campagne et ses activités. Ce qu’il aime, "capter les métamorphoses de la nature au gré des saisons ou de l’heure de la journée".
Ce chantre d’une esthétique intime et ce pèlerin de la beauté des impressions vécues se rendra aussi en Provence, sur les bords de la Loire, en Auvergne.

 

Dominique Vergnon

 

Christophe Duvivier, Claude Cornu, Gustave Loiseau, paysages d’Ile-de-France et de Normandie, 24,6 x28 cm, 138 illustrations, Somogy éditions d’art, mars 2018, 136 p.-, 25 euros.  

Jusqu'au 8 juillet 2018

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