1910, Royaume-Uni, Edwin Strafford, jeune ministre de l'intérieur aux côtés de Churchill abandonne du jour au lendemain la vie politique alors qu'il était promis au plus grand avenir. Personne ne comprend mais il disparaît bel et bien des sphères du pouvoir. Quelques années plus tard, après la guerre, il finira oublié, obscur consul à Madère. Ni scandale ni désaveu : il s'est comme désintégré.

 

1977, Martin Radford, jeune historien, ex prof démissionné arrive à Madère sur l'invitation d'un ami journaliste qui le présente à Léo Sellick, un sud africain étrange qui habite la superbe villa de Strafford. Ayant trouvé le manuscrit des mémoires de l'homme politique, il engage Martin à le lire et à enquêter sur le mystère Strafford.

Ce qui ne devait être qu'une  recherche historique banale va se révéler à la fois un voyage dans le temps, la mise à jour de tractations politiques douteuses,  la révélation d'une superbe histoire d'amour empêchée de façon diabolique. Sans oublier d'un suspens savamment distillé avec des tueurs issus de la meilleure société et la figure même de Churchill un peu écornée.

Il faut beaucoup de talent à Robert Goddard pour tenir le lecteur en haleine sur plus de 600 pages avec une histoire qui remonte à Churchill, Lloyd Georges et le mouvement des suffragettes. Il ne renonce a aucun des codes du roman policier : trahison du meilleur ami, usurpation d'identité, trafics d'armes durant la guerre, malfrat élevé au rang de lord, meurtres en série dans l'entourage du malheureux Stafford à qui rien n'est épargné si longtemps après après les faits : ses parents, son neveu morts de façon inexplicable. Comme si son secret pouvait encore dans les années 70 menacer quelqu’un. C'est dans un cadre de rêve : les paysages de Madère et ceux de la vieille Angleterre, cottages cosy et vieilles demeures en ruines que l'historien raté va se reconstruire et réhabiliter la mémoire d'un homme nés sous de mauvais augures, malheureux du début à la fin de sa vie mis à part la parenthèse de cette merveilleuse histoire d'amour si brève qui le hantera à tout jamais.

 

Brigit Bontour

Robert Goddard, Le secret d'Edwin Strafford, Sonatine, 628 pages, 19,95 euros

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