Le poème fantôme de Sophie Calle

Le livre de Sophie Calle et de son invité, Jean-Paul Demoule, devient un poème écrit et en images troublant. Sophie Calle reste là fidèle à elle-même dans son passage du réel à l'art de manière sérieuse et frivole entre mémoration et création.

L'absence est toujours là mais mise à distance entre pudeur et impudeur, l'intime et une histoire anonyme et parfaitement partageable. Images et mots racontent moins la vie de Calle qu'une histoire de fantômes et de labyrinthes.

Passé et présent se superposent dans l'hôtel d'Orsay que l'artiste en herbe a investi en 1978  pendant deux années. Au musée d'Orsay elle a recréé un lieu du lieu en un jeu où elle reprend titres, objets, images et où un certain Oddo devient le fantôme majeur de l'hôtel dont il était homme à tout faire et majordome.

Sophie Calle s'attache par l'écriture et la photographie (de l'époque ou d'aujourd'hui)  à nous emporter dans une sorte de cinéma en images fixes. Un tel projet est fidèle à sa manière d'envisager l'art. Nous sommes bien loin du document d'objets archéologiques : ils deviennent sujets de méditation poétique sur l'interdiction et la pénétration. Les passe-partout – par exemple – s'y métamorphosent, écrit la créatrice, en "clés d'amour".

Jean-Paul Gavard-Perret

Sophie Calle (et Jean-Paul Demoule), L’ascenseur occupe la 501, Actes Sud, mai 2022, 366 p.-, 69€

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