Art et décès : une enquête de haute voltige

Menacer quelqu'un de mort en public reste probablement la façon la plus sûre d'être accusée de meurtre, mais la capitaine Eva Rosières a l'habitude de claironner haut et fort ce qu'elle pense, la discrétion n'étant pas son fort.

A sa défense, elle appartient à la bande de flics mis sur la touche par le 36 et réunis dans un attelage plus qu'improbable. Tous ont des caractères atypiques (ou traînent des casseroles sévères) et leur hiérarchie,  à bout ne pouvant les virer, les a regroupés en espérant qu'ainsi ils nuiront moins à l'institution.

Parmi ces bras cassés, s’agitent un génie de l'informatique abêti par un accident de boxe, une lieutenant placardisée pour son addiction au jeu,  un flic qui porte malheur, quoiqu'il entreprenne, un véritable chat noir,  un capitaine qui vit toujours sous Louis XIII,  une commissaire, Anne Capestan en arrêt maternité et donc Eva Rosières, à la fois flic et scénariste,  écartée après avoir dépeint ses supérieurs du 36 et les magistrats qu'elle connaissait dans un scénario qui n'a pas vraiment plu aux intéressés.

C'est dire si la mort du réalisateur,  chargé d’adapter son dernier script, retrouvé un couteau entre les deux omoplates, défoncé à la kétamine tombe mal pour elle. Présente à quelques mètres de la scène de crime, elle n'a pas, hormis son chien, le moindre alibi et compte donc sur ses collègues pour la tirer de ce mauvais pas.

Dans ce troisième opus, l'imagination, l'humour et la fantaisie de Sophie Hénaff font à nouveau le bonheur des lecteurs. Ses personnages, tous aussi  fracassés les uns que les autres s'unissent une fois de plus pour une enquête qui tient plus de la haute voltige que du professionnalisme requis dans la police. L'auteur insuffle à chacun de ces allumés une réelle humanité qui réconforte et contraste les protagonistes des polars habituels.
Entre rires et larmes, la journaliste à Cosmopolitan parvient à réitérer l'exploit de ses deux premiers opus, Poulets grillés  et Rester groupés.

Brigit Bontour

Sophie Hénaff, Art et décès, 140 x 205, Albin Michel, mars 2019, 320 p.-, 18,50 euros

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