Docteur Strange est un des premiers personnages iconiques de la Marvel et fait partie de ces personnages qui ont contribué au succès de l’éditeur dès les années 60. Aux États-Unis, Strange apparaît au cours de l’été 1963, soit quelques mois après les Quatre Fantastique (en 1961) ou Spider-Man, en 1962. Spider-Man avec qui, justement, il partage son créateur, Steve Ditko, dessinateur talentueux et auteur d’une partie non-négligeable de l’univers Marvel.

Le grand public croit généralement que les super-héros Marvel sont la création d’un seul homme, Stan Lee. Erreur. Le scénariste, puis superviseur, puis enfin communicant de la Marvel (notez l’évolution de carrière) a toujours su s’entourer d’artistes incroyablement talentueux. Jack Kirby, en tête, avec qui il a co-créé les icônes Marvel, devenues depuis quelques années des vedettes de cinéma : les Quatre Fantastiques, Hulk, Thor, les Avengers, ou les X-Men pour les plus connus. On connaît moins Steve Ditko, à qui on doit pourtant Spider-Man et donc, le Dr Strange, Maître des Arts Mystiques !

Les épisodes réunis dans cette intégrale constituent les premières aventures du sorcier, et donc, indirectement, les fondations de tout un pan de l’univers Marvel, à savoir tout ce qui a trait à la magie et à l’occultisme. Ditko va insuffler une ambiance véritablement originale, proposant des idées de design et de visuels sidérants pour l’époque. Le film, sorti il y a quelques semaines, profite d’ailleurs énormément de ces innovations.

Comme souvent, dans ces premières aventures, l’idiosyncrasie du personnage n’est pas encore pleinement déterminée, et on voit, d’épisodes en épisodes, se dessiner un schéma type des aventures de Strange. Et évidemment, c’est aussi le temps des premiers grands super-vilains, qui reviendront au fil des décennies et des scénaristes affronter le super-héros. Dans cette intégrale, le lecteur est particulièrement servi avec le Baron Mordo, Cauchemar, Dormammuu, ou encore le fascinant et ambiguë Éternité.

Un mot enfin sur le format des épisodes. Publiés avec d’autres aventures dans l’anthologie Strange Tales, ces épisodes du Dr Strange ne font que quelques pages (entre 4 et 8), ce qui implique des histoires courtes, ramassées et rythmées. Et progressivement, les aventures, au début indépendantes, finissent par se suivre pour former un feuilleton et une belle saga qui fait la part belle à l’étrange et à l’occulte. Pour être complet, sachez qu’il ne s’agit pas des couleurs originales, mais re-colorisées, comme c’est maintenant l’habitude dans la collection « Marvel Classic ».

Panini France profite de la sortie en salle du film Docteur Strange pour proposer de nombreux titres dédiés au magicien (nous y reviendront dans les jours à venir). Faut-il acquérir cette intégrale ? Oui ! Bien entendu. On tient là un bout d’histoire de la Marvel, avec des épisodes passionnants qui forment la matrice de tout l’univers occulte de l’éditeur. Et les occasions de lire du Steve Ditko ne sont (malheureusement) pas si fréquentes. Indispensable pour tous les amateurs de la Marvel de la grande époque. Et historique, tout simplement.

Stéphane Le Troëdec

Stan Lee (scénario), Steve Ditko (dessin)

Docteur Strange- l'intégrale 1963-1966

Édité en France par Panini France (12 octobre 2016)

Collection Marvel Classic

296 pages couleurs, papier glacé , couverture cartonnée

29,95 euros

ISBN : 9782809456851