Les féministes blanches et l’empire ou comment se voiler la face au nom des droits des femmes

Certes, c’est facile à dire. Du haut de mes collines vaudoises je tance le féminisme français. Mes sœurs de combat qui devraient bientôt pouvoir se marier quand j’en suis encore à cacher mon amie dans certains lieux huppés de ma Suisse natale. Seringues libérées mais libido foudroyée. Donc féminisme en danger. J’entends le français. Voire le francophone, voyons large. Ça clive ça crise à tous les étages. Satanée mentalité de passionarias ces femelles, tout de même. Au lieu de se crêper le chignon elles devraient peut-être se (re)mettre en ordre de bataille… Il y a urgence car tout se brouille. Le flou s’invite, poutre dans l’œil qui cache la forêt. Débat sur le voile à l’école qui fait exploser la coalition. Arlette Laguiller au bras de Nicole Guedj, membre du gouvernement Raffarin. Je m’en souviens comme si c’était hier. Mon amie a tellement rit qu’elle a en recraché son Gin tonic. Sur mes genoux. Vous parlez d’un plaisir…


Tout ça pour un Ni putes ni soumises qui ressemblerait plus au Carnaval de Morges qu’à une association représentative. Un discours qui mélange tout (voile, mariage forcé, excision, polygamie) et donc noie la domination des hommes dans le brouhaha des agitées. Je ne sais pas pour vous, mais j’avais l’impression d’une instrumentalisation en marche. Un truc qui allait accoucher d’une souris. Un peu comme Touche pas à mon pote qui, s’il n’y avait pas Harlem Désir devenu Premier secrétaire du PS, porterait à sourire.

Bref, toute cette agitation me fait me demander à quoi bon ? Le Collectif des féministes pour l’égalité. Les Panthères roses. Voire Une école pour tou-te-s.

Tout ce beau monde pour quoi faire ? Car la loi fut votée.


Alors nos deux auteurs entendent proposer une autre analyse de la situation. Ils avancent l’idée d’une « instrumentalisation du féminisme à des fins racistes ». Cela me rappelle les articles sur le racisme anti-Blanc. Qui existe, ne vous en déplaise. Et qui fait de suite hurler. Preuve que l’on ne peut plus rien dire. Mais de là à voir systématiquement du racisme à tous les coins de rue. N’est-ce pas une autre forme de racisme que de vouloir systématiquement faire l’apologie de la mixité, du multiculturalisme au détriment du reste ? Les gens ont aussi le droit de dire qu’ils sont bien chez eux et ne veulent pas devoir subir les outrances culturelles des invités. Quand tu vas chez un ami, tu ne mets pas tes pieds sales sur le canapé, même si tu le fais chez toi. Alors pourquoi systématiquement ce sont les hôtes qui doivent plier devant les invités désormais ? On nous reproche d’avoir voté non aux minarets, en Suisse. Et alors ?! On est chez nous et libres, encore, de choisir si oui ou non on tolère ce type de construction. Ceux à qui cela ne plaît pas n’ont qu’à aller voir ailleurs. Il y a des cathédrales en Arabie Saoudite ?


Le féminisme serait partie prenante des opprimés. Par essence. Par naissance. Il porte donc en son sein des contradictions. Donc aussi sur les questions coloniales et raciales. Les auteurs s’emploient donc à délimiter ces écueils à travers une histoire des stratégies féministes. En saisissant des situations, des discours, des pratiques…

Une lecture pour le moins... étonnante et salutaire.


Annabelle Hautecontre


Stella Magliani-Belkacem & Félix Boggio Éwanjé-Épée, Les féministes blanches et l’empire, La fabrique éditions, octobre 2012, 110 p. – 12,00 €

11 commentaires

La confusion de l'article est-elle à l'image de la confusion régnant dans le livre?

En effet Sylvain, cet article est pour le moins abscons... pour ne pas dire abstrus (abstrus étant un synonyme d'abscons, mais plus abstrus encore.)


"Abstrus", si je dois donner mon avis : ça a le mérite d'être plus joli et plus poli qu'"abscons" :-)

PCL

Confusion de l'article ?
Diantre, voilà un commenterai qui demanderai quelques éclaircissements Sylvain un peu plus poussés !

Clairement, je ne comprends pas ce que veut dire l'auteur. quel est son positionnement par rapport au féminisme? Le ton général paraît distancié, cynique, un peu hautain (d'ailleurs assez préjudiciable selon moi pour le texte) , désabusé peut-être par rapport aux combats du féminisme. Il y a de plus une longue digression sur le racisme anti-blanc dont  on se demande ce que ça vient faire là: est-ce lié à la thèse du livre, qui n'est pas exposé clairement...  Qu'on se comprenne bien: l'auteur a le droit de donner sa (ou ses) positions mais vu la rédaction, je ne voyais pas quel étai(ent) la (ou les) thèse(s) du livre. Mais je suis historien, adepte des présentations claires: peut-être ne suis-je pas formaté pour ce genre d'articles...

Abscons, abstrus, confus, en tout cas déconcertant voire impénétrable, cet article suscite en effet beaucoup de commentaires. Il est vrai aussi qu’il constitue une superbe contre-publicité à l’ouvrage.  J’ai assisté dernièrement à une conférence sur la physique quantique et les distorsions du temps qui était plus claire que cet article. Sans doute serait-on tenté de dire : qui trop embrasse (de sujets) mal étreint (son sujet). Ce foisonnement d’idées, comme soufflées par un vent fou, est d’autant plus étonnant qu’Annabelle Hautecontre (quel joli nom !) manie très bien la syntaxe, la grammaire, et que son article suivant, entre autre, (consacré à l’aventure de la philosophie française) est parfaitement maîtrisé…et donne l’envie de découvrir ce livre.

Peut-être faudrait-il que les commentateurs qui se sont exprimés ici aient pris peine de lire le livre dont il est question, à condition bien sûr de maîtriser les concepts qui y sont utilisés, ce qui n'est pas le cas, très nettement. Annabelle Hautecontre semble n'en avoir pas compris grand chose non plus, mais elle aura au moins le mérite d'avoir essayé...

Bien d'accord avec Johann.
"En regardant la surface de la mer, vous croyez la connaître jusqu'en son tréfonds".
Pour comprendre ce livre, il faut  avoir envie de découvrir l'approche dérangeante que Stella et Félix nous balancent à la figure, en sentinelles.
Annabelle a donc à se prendre un peu par la main ou refermer le livre si tant est qu'elle l'ait ouvert, car je vois qu' elle reprend à son compte cette vieille formule du racisme anti-blanc  remise au goût du jour par la droite la plus réactionnaire. A la décharge d'Annabelle, il faut dire que la formule a fait mouche, et que même certains dirigeants du MRAP ont emboité le pas.
De là à resservir l'argument massue : "Ceux à qui cela ne plaît pas n’ont qu’à aller voir ailleurs. Il y a des cathédrales en Arabie Saoudite ?"
Non, le racisme, comme le féminisme, est bien avant tout un rapport de domination. Evitons les symétries apparentes, et décolonisons nos esprits.
Y a encore du boulot...

Si je lis bien, le titre du livre est "Les féministes blanches et l’empire ", (ne serait-ce pas en soi déjà une approche raciste?), et les auteurs y avancent la thèse d’une « instrumentalisation du féminisme à des fins racistes »  ( ce qui est quand même osé et provocateur).  Il est donc assez normal dans la chronique d'un tel livre de parler de racisme , de blancs, et de respect des autres, même si  le commentaire  vire un peu au plaidoyer pro domo, pro suisse en l'occurence. Ce qui reste assez rigolo et décalé.

En face, confronté à l'artillerie lourde des "cathédrales en terre d'islam" , Yvon réplique par la bombe H habituelle de l'argumentaire politiquement correct en dégainant  le mot qui est censé tuer tout contradicteur: Annabelle recyclerait "les thèses de la  droite la plus réactionnaire" . Prends toi ça dans la tête!  Puis il envoie :
" le racisme, comme le féminisme, est bien avant tout un rapport de domination." sauf qu'il ajoute immédiatement " Evitons les symétries apparentes" ce qui détruit illico son argument. Va comprendre?

Curieusement , ce qui semble géner les commentateurs dans cet article, c'est que c'est un article, justement, plein de vie, et de ressenti, et non un compte rendu froid et impersonnel, genre test neutre de voiture ou de machine à laver. Or, le sujet et scabreux par nature, et polémique par choix : on ne peut commenter un livre provocateur comme celui-ci comme on commente  un roman ou un ouvrage historique : il faut critiquer le sujet et le livre, et non la technique du critique.

J'eus aimé pour ma part qu'Yvon et Sylvain, au lieu de juger durement de la forme et du travail d'Annabelle, nous donnent leur avis sur le fond du livre et non sur la perfection formelle de la critique. D'une part on n'est pas à un concours à qui fera la critique littéraire la plus parfaite, et d'autre part c'est totalement hors sujet quand l'objet du délit n'est pas un livre de vraie littérature mais un manifeste politique provocateur.

Au final, moi, la critique de notre amie m'a plutôt donné envie de découvrir le livre. De là à l'acheter, il y a un pas, évidemment...

Pour donner un avis sur le fond du livre, encore faut-il que l'on aperçoive le fond du trou, ou de la mer, bref quelque chose de visible. Là en l'occurrence, c'est une plongée dans le fog de Londres, sans espoir de retour...