Éloge du lapin

Le lapin compte parmi les animaux les plus connus bien qu’un peu méprisé. A tort. Dans l’imaginaire collectif Il est considéré comme moins noble que le cheval ou le chien, partenaires de travail ou de guerre depuis la nuit des temps. 
Pourtant, en Grèce, il symbolisait l’élan amoureux avec les gravures d’Éros en train d’attraper un lièvre. Il était aussi un animal de compagnie. Au moyen-âge, il est associé aux fêtes de Pâques, il est omniprésent sur les tapisseries de La dame à la licorne et sera fréquemment représenté sur les tableaux du Titien ou de Dürer. 

En occident, il est avec le chien et le chat, le compagnon favori des enfants. Il est aussi trop souvent la proie des chasseurs. Bestiole sympathique, il est un Dieu au Japon, un fléau en Australie.
Présent dans la mythologie nippone, il est dans la ville de Tottori associé à Okuninushi, le dieu de la médecine. Il est le héros de mangas très populaires comme Usagi Yojimbo dans lesquels un lapin fut autrefois samouraï. Son succès dans l’archipel, symbolise toute l’ambiguïté de l’animal si mignon : le kawaï, mêle la candeur de l’enfance au fétichisme débridé de certains. 

En Australie, c’est une autre histoire : introduit par les immigrés européens, il prolifère au point que l’homme ne trouve rien de mieux que de répandre la myxomatose afin de se débarrasser de lui.  Les animaux succombèrent en masse dans de terribles souffrances.
Aux États-Unis, le magazine érotique Playboy l’a choisi pour emblème. Car le lapin est aussi une bête de sexe. Un couple peut donner naissance à deux mille lapereaux en une seule année. 
En 2017, La politique nataliste de la Pologne mettait sa fécondité en exergue dans un spot publicitaire assez peu inspiré.

Dans son Éloge du lapin, Stéphanie Hochet, à qui l’on doit déjà Un éloge du chat, Un  éloge voluptueux du chat ou encore L’animal et son biographe rend hommage avec brio au petit animal. Son livre fourmille d’anecdotes avec les lapins de Berlin, Bugs Bunny, Peter Rabbit. Elle recense les expressions nombreuses qui le concernent :  poser un lapin, un chaud lapin. Elle relève dans la littérature les auteurs qui se sont intéressés à lui. Genevoix mais aussi Apollinaire, La Fontaine, Dumas, Paasilinna le choisirent comme personnage. 

Le ton du livre, très documenté est enlevé et élégant, les jolies formules y fourmillent : les lapins y sont des oreillards, des Jeannot, des grandes oreilles pour le plus grand bonheur du lecteur. Sous la plume de l’auteure, il prend une dimension qu’on ne lui connaissait pas, à la fois historique, littéraire, mythologique, cinématographique, en contrepoint au tendre petit complice de l’enfance.

Brigit Bontour

Stéphanie Hochet, Éloge du lapin, Rivages, octobre 2021, 139 p.-, 16 €

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