Stieg Larson avant Millenium - pour mieux connaître l'auteur d'un des plus grands succès littéraires de ces dix dernières années

STIEG LARSON AVANT MILLENIUM« Je vais écrire un roman, j'y injecterai toutes nos idées et nous toucherons des millions de gens. »

Stieg Larsson ne pensait pas si bien dire puisqu’il est mort avant d’avoir connu l’ampleur du succès de sa trilogie Millenium. Difficile de passer à côté du phénomène Millenium : des millions d’exemplaires vendus, une première adaptation en 2008 et celle du premier tome, Les hommes qui n'aimaient pas les femmes, qui vient de sortir sur les écrans. Mais la question demeure : qui est vraiment Stieg Larsson et quelle est la genèse de son œuvre ? C’est la question que se sont posés Guillaume Lebeau et Frédéric Rébéna dans Stieg Larsson avant Millenium, une bande dessinée qui retrace trois épisodes marquants de la vie de l’auteur. Trois épisodes illustrés avec simplicité par Frédéric Rébéna dont on appréciera les dessins qui retranscrivent avec beaucoup d’intensité les idées d’un homme encore méconnu et pourtant si célèbre.

L’histoire de Stieg Larsson, c’est d’abord l’histoire d’une lutte contre la résurgence du fascisme dans son pays et cela dès le plus jeune âge. Elevé par ses grands-parents maternels, il retient le devoir de mémoire : à travers l’image du renard, animal rusé, qu’il ne faut pas laisser rentrer dans le poulailler de la démocratie, son grand-père lui enseigne que le fascisme, tout comme le renard, est fourbe et utilise la rouerie à ses fins. Il faut l’empêcher de parler car il vit au dépend de celui qui l’écoute. Une éducation reçue d’un grand-père communiste dont il suivra les préceptes et les idées puisqu’il adhérera aux idées marxistes par la suite. Quelques années plus tard, deuxième épisode. Stieg Larsson s’engage en 1977 en Afrique pour soutenir le FPLE, Front populaire de libération de l’Erythrée, un mouvement marxiste. Il enseigne à des femmes comment se servir d’un mortier. Arrêté et interrogé par le MI6, service de renseignement extérieur du Royaume-Uni, Stieg Larsson va être rapatrié dans des circonstances rocambolesques en Suède. Une première expérience du terrain qui va le marquer à jamais. Enfin sa rencontre et son histoire d’amour avec Eva Gabrielsson et la fondation d’Expo, un journal qui a pour but d’éduquer le public sur racisme et la xénophobie pour mieux lui résister. L’idée de la trilogie née alors car pour toucher plus de monde rien ne vaut un bon roman. Ce dernier épisode s’achève en 2004 alors que l’éditeur Norstedts accepte de publier la trilogie où il a injecté toutes ses idées.

Un dessin simple mais percutant, des dialogues brefs mais qui disent l’essentiel, trois épisodes qui résument les idées et les intentions de l’auteur du plus grand best-seller de ces dix dernières années. Un auteur engagé au-delà du mercantilisme qu’a suscité son œuvre. Aurait-il été d’accord avec l’adaptation américaine qui vient de sortir ? Peut-être si cela sert son combat. Mais une chose est sûre : Mickael Bloomvist et Millenium sont les avatars littéraires de Stieg Larsson et Expo. Décédé d’une crise cardiaque quelques mois après la vente de sa trilogie, l’auteur n’aura pas profité du succès de ce qui est et restera l’œuvre centrale de sa vie puisque voulant toucher le plus grand nombre, Stieg Larsson avait compris qu’il devait passer par la fiction pour alerter les lecteurs sur la résurgence du fascisme en Europe. Le temps malheureusement lui aura donné raison. La chronologie permet d’en apprendre encore plus sur l’auteur.

Une bande dessinée et une histoire à lire pour ceux qui ont aimé sa trilogie et qui permettra de donner une nouvelle dimension à l’histoire de Mickael et Lisbeth. Une histoire qui devrait bientôt faire l’objet d’un roman graphique chez De Entertainement de même que chez les éditions Dupuis qui prévoient de publier un Millenium en 9 volumes, le premier tome étant prévu pour cette année.


Julie Lecanu


 

Guillaume Lebeau, illustration de Frédéric Rébéna,  Stieg Larson avant Millénium,  Denoël Graphic, janvier 2012, 64 pages, 13,50 euros

 


Sur Millenium de Stieg Larson


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