Eva de Simon Liberati : Le fou d’Eva

Ne peut-on aimer que celle que l’on reconnaît ? Simon Liberati pose cette question passionnante dans son nouveau roman, sobrement intitulé Eva, le prénom de celle qu’il a épousée.

 

Eva, c’est une enfant de 13 ans si femme déjà, croisée naguère au hasard d’une fête, une créature au "regard d’une transparence grisâtre". La deuxième rencontre à l’âge adulte signe le début d’une passion où l’auteur tente d’approcher au plus près du  mystère de l’autre.

 

Eva Ionesco a eu une enfance folle : dévoilée, exposée, exhibée par une mère photographe, elle s’est muée en poupée perverse et rebelle, se brûlant au monde des adultes. Celle qu’on surnommait "la baby porno" à douze ans a tout essayé, les drogues, l’alcool, la débauche et s’en est sortie, grâce à une force de caractère peu commune et des procès en cascade contre sa génitrice – à ce stade on hésite à employer le mot de mère. De sa jeunesse gaspillée, elle a tiré un film My little princess et sans doute la matière de ses cauchemars.

 

Liberati raconte cela et bien d’autres choses encore sur son quotidien auprès de ce feu follet, ce diable blond qui hurle autant qu’elle embrasse. On pense à Lolita, à Taxi Driver aussi. Eva à un moment déclare : "Moi, je suis inoubliable !" En refermant ce livre beau et dur, cette déclaration d’amour âpre et exigeante, on ne peut qu’approuver.

 

Ariane Bois

 

Simon Liberati, Eva, Stock, août 2015, 278 pages, 19,50 € 

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