Dis-moi ce que tu penses, je te dirai ce que tu es

Vaste sujet. Mornes plaines des certitudes battues par les vents de la morgue universitaire et de la pensée unique, voici venu le temps de rendre des comptes. Car, n’en déplaise aux professeurs. Aux experts – trop souvent auto-proclamés. Aux spécialistes égocentriques. Il n’y a que des vérités. Et nul besoin de dire tout et n’importe quoi. Sauf à vouloir briller le temps d’un prix quelconque.
C’est ainsi que bien des sottises furent colportées. Des détournements opérés – notamment le vol de la découverte du génome de la Trisomie – la 22, d’ailleurs, découverte par Marthe Gautier et non l’intriguant Lejeune…
Bref, il fallait un regard neuf. Objectif car non spécialiste pour nous redonner un peu de raison, de justice et de bon sens dans tout ce capharnaüm.
Première et fondamentale question : de quoi sont faites nos pensées ? Si elles ne viennent pas de notre corps, alors d’où ? Comment savoir qui nous sommes ? Car si le corps interagit avec l’esprit, les deux sont des faits de nature différente. Commence alors la longue quête de l’origine et du sens de la vie… Ne sommes-nous pas les seuls animaux qui tuons pour des idées ?
Mais n’est-ce pas, finalement, que des… idées reçues ? Il n’est pas de pensée sans précédent – où l’on voit poindre le dilemme de l’œuf et de la poule. Descartes n’a pas été touché par la grâce, il portait en lui des acquis antérieurs. Les idées flottent selon les époques. Se cachent dans les métaphores. Et s’amusent à brouiller les cartes en s’insérant dans des disciplines qui sont fondées sur des convictions contradictoires.
Exemple le plus frappant : quid de l’acquis ou de l’inné ? Les deux thèses s’affrontent. Les expériences des uns et des autres s’opposent. Il n’y a jamais une seule vérité. Ce que les religieux ne peuvent admettre. Et c’est bien là que le bât blesse. Nous sommes encore trop enfermés dans les dogmes. Or l’intelligence est libertaire. Insolente.
Livre passionnant mais pas de tout repos. On le lira par petites touches. Pour assimiler. Pour comprendre. Y réfléchir… en débattre autour de soi. La vie des idées est un long fleuve tranquille qu’il convient de chahuter.

Annabelle Hautecontre

Siri Hustvedt, Les Mirages de la certitude – Essai sur la problématique corps/esprit, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Christine Le Bœuf, Babel, février 2021, 416 p.-, 9,70 €

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