Betty Barnowsky, la princesse de XIII revient

Les S.P.A.D.S. ne sont rien de moins que l’élite de l’élite des soldats des USA. Comprenez donc qu’ils sont encore plus dans l’élite que l’élite. Et pourtant, au milieu de ces créatures entraînées à toutes formes de combats sous des latitudes tropicales évoluent des êtres féminins. Elles replacent une part d’humanité dans ce monde de brute. Et l’une d’elle n’est autre que Betty Barnowsky, le célèbre sergent que XIII, macho par excellence, appelle « Princesse ».

Or une fois la conjuration des XX éclaircie, décorée de la Medal of Honor des mains même du Président, la belle rousse repart sur le terrain avec le général Carrington : il s’agit d’aller remettre de l’ordre au sein du camp d’entrainement des S.P.A.D.S. Mais avant de partir en mission, celle qui répond à son officier supérieur « je suis votre homme » prend une nouvelle fois conscience de sa féminité.

Et elle la portera au milieu de la jungle : face aux soldats mutins, à un marquis dirigeant une plantation bananière sous les tropiques, au risque de perdre la vie, elle se posera la question de comment défendre celle dont elle a dorénavant la charge.

 

Betty est l’un de ces personnages de la série XIII qu’il serait aisé de reléguer au second plan. Si ce n’est plus. Femme attachante, certes, mais qui « subit » plus l’aventure de XIII et ses emmerdes tout en ayant le malheur d’avoir le béguin pour lui. Or le dernier XIII Mystery – tome 7 – se focalise dessus.

Le concept de cette série parallèle est de permettre de mieux (re)découvrir des personnages de la galaxie du célèbre amnésique. Alliant toujours deux artistes n’ayant jamais signé ensembles un titre, elle creuse les motivations des créatures de Van Hamme et Vance avant ou après avoir croisé la route de XIII.

Joël Callède et Sylvain Vallée offrent, le premier au scénario, le second au dessin, une aventure excellente. L’univers de la célèbre licence est parfaitement respecté et voit même s’enrichir les personnages – dont le héros de ce tome, Betty – d’une richesse psychologique plus qu’agréable. Comme ils le disent eux-mêmes, ils déploient une parenthèse pour éclaircir un personnage et le rendre plus vivant à la lecture de la série principale.



Seul point désagréable du scénario, le retour d’un mort, comme dans une série B sans charisme. Dommage, il aurait pu être remplacé par un nouvel adversaire en apportant tout autant – voir plus – que ce caractère « miracle » qui sort le lecteur de son immersion. Pire qu’un Tintin et les Picasso voyant ressortir de partout tous les personnages de l’univers, de Pablo au général Alcazar en passant par Séraphin Lampion, l’apparition de ce SPADS semble juste être une « grosse blague »…

 

Cependant, si la forêt tropicale promet à ses créatures un nombre de festins incroyables vu la pléthore de cadavres que Betty et Carrington abandonnent derrière eux, les morts sont belles. Elles prennent beaucoup de sens dans la mise en scène déployée par le duo Callède/Vallée. Rédemption, rébellion, châtiment divin, absurdité, courage, tout y passe. Et cela marque le lecteur lorsqu’il voit que toute cette mort entoure la question de la vie : comment une femme peut-elle le rester, porter ce souffle en elle, lorsque ses actes l’amènent à tuer ?

 

En soit, l’album Betty Barnowsky peut parfaitement être lu sans avoir connaissance du reste des XIII ou sans s’en souvenir parfaitement. Voire il y gagne : sans avoir l’esprit focalisé par l’ombre d’un héros entraîné dans un immense complot, il permet de savourer parfaitement le personnage de cette rousse soldat engagée dans l’armée car il ne lui restait aucune porte à pousser. L’élégance de la mise en situation de l’univers – tant au niveau scénaristique que visuel – permet de ne pas « manquer » un seul détail important pour la compréhension de l’histoire sans pour autant refroidir l’intérêt du lecteur.

Et cela est surement un excellent point d’entrée pour, après, découvrir la série originale. Si jamais vous ne la connaissez pas…


Pierre Chaffard-Luçon


Callède & Sylvain Vallée, XIII Mystery tome 7 - Betty Barnowsky, Dargaud, 13 juin 2014, 56 p. - 11,99 €

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